Entre villes
de Stefan Hertmans

critiqué par Donatien, le 21 octobre 2011
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
"Tout ce que j'ai vécu, je voudrais le voir de mes propres yeux"
Entre villes



L’auteur, Stefaan Hertmans, enseignant à l’Académie des Beau-Arts de Gand est donc néerlandophone ET polyglotte comme beaucoup de Belges. Il est romancier, poète, philosophe, essayiste,etc..

«Enre villes», édité dans la collection «Escales du Nord» de l’excellent éditeur «Le Castor Astral», relève du carnet de voyage littéraire à la manière de W.G.Sebald moins la mélancolie et les illustrations, de l’essai sur les mutations historiques et politiques de quelques villes européennes mais aussi de souvenirs de famille ou de rencontres amoureuses.

L’Australie avec Sydney,avec une réflexion sur les espaces et les populations autochtones, est le seul voyage hors-Europe.

Les références littéraires dominent. Tous les grands auteurs européens sont évoqués. Kafka, Joyce, Elfriede Jelinek, Holderlin,Wazlter Benjamin, Jean Giono , leurs oeuvres et bien d’autres sont constamment présents lors des déambulations dans ces villes.
Certains estimeront sans doute une certaine saturation de références littéraires, mais pour les autres, c’est une joie.

Quelques chapitres comme «Intercity», «Nuages. Chez Soi», reprennent des réflexions générales sur le voyage, la nostalgie, le chez-soi.

Il y a même un chapitre de contre-attaque pour la défense de Venise et du plaisir d’encore la visiter malgré l'envahissement du tourisme de masse suite à la lecture du livre-pamphlet de Régis Debray :»Contre Venise».

C’est toujours plaisant et intelligent. Les références littéraires sont constantes, ce qui pourraient gêner les lecteurs qui n’ont pas lus ces oeuvres. Mais cela peut aussi, et c’est mon cas, les inciter à en faire la découverte.

Voici quelques extraits à propos de villes telles que :

SYDNEY et l’Australie

«L’Aussie est coincé entre ces deux formes de crimes : un héritage bourgeois, européen et sans doute teinté de rancune d’une part, et de l’autre une culpabilité immémoriale et planétaire, celle du génocide sur lequel le vitalisme australien contemporain est basé.».

DRESDE et sa destruction en 1945

«Les grands-parents architecturaux du XVIIème siècle de l’Allemagne de Goethe n’avaient pas mérité de régler la note du régime hitlérien.».





VENISE et «Le touriste en Caligula»

« Régis Debray fustige initialement Venise d’une façon si rafraîchissante qu’on aurait envie de la revoir -hors saison, évidemment, comme l’enjoint le bon sens....»
A propos de l’auteur R.Debray : «... (

la fierté de l’assommant familier de Venise qui est au courant des circuits alternatifs)


VIENNE

Avec bien sûr le pèlerinage à Kafka ou la visite de son dernier logement à Vienne:

«Regarder suffisait, remplissait le temps et l’espace. Un court instant, son retour paraissait possible, nous le verrions, noir et maigre avec un regard perçant, nous lui serrerions la main et quand nous nous sommes réveillés de cette sorte de naïve spéculation, nous avons senti que le temps de l’adieu était venu.».

Mais aussi Marseille, Trieste, Bratislava; Gand et Bruxelles.

Pour les amateurs de rêveries citadines et littéraires.
A+