Retour à la vie
de David Goodis

critiqué par CC.RIDER, le 16 octobre 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Sombre et désenchanté
Herb, rédacteur dans un boite de pub, rejeté par Jean, sa pulpeuse épouse qui ne le supporte plus, rencontre Dorothy dont le petit ami, Tom, se bat en Espagne dans les rangs des Brigades Internationales. Le couple formé par Paul et sa femme Wilda, les amis d'Herb, ne va pas mieux. Ensorcelé par Jean, Paul quitte Wilda et entraîne Jean, enceinte de ses oeuvres, jusqu'en Chine où il pourra piloter un bombardier et participer à la guerre sino-japonaise. Dorothy restant fidèle à Tom, Herb s'intéresse alors à Helen Gillen, la secrétaire qui travaillait avec lui depuis deux ans sans qu'il l'ait vraiment remarqué. Leur rapport en restera au charnel car aucun des deux ne veut s'engager vraiment. Quelques évènements nationaux et internationaux vont compliquer quelque peu le tout...
Publié en 1938, ce roman sombre (mais pas vraiment « noir ») et désenchanté n'a rien d'un thriller ni d'un roman policier si ce n'est une improbable bagarre entre copains éméchés et une blessure par balle sans grosses conséquences. Avatar de l'auteur, Herb papillonne d'une fille à l'autre, se laisse porter par le courant pour finalement sombrer dans l'alcool, l'ennui et le désoeuvrement. Goodis avait-il deviné dans ce premier roman ce qu'allait être son propre destin ? Malheureusement, ce portrait d'une génération perdue ennuie très vite car il a beaucoup vieilli autant par le style surranné, filandreux et répétitif que par les descriptions des guerres civiles espagnoles ou sino-japonaises qui détonnent par rapport au reste de la narration. « On pense à Hemingway dans ses grands jours » ose dire la 4ème de couverture... En effet, on y pense, mais pour regretter que ces chapitres n'en soient qu'une fort pâle imitation. Si on y ajoute une fin ratée car aussi floue et imbibée (sans doute) que surréaliste (« vision d'un gris matinal » y lit-on également), on referme le livre avec une impression de... gueule de bois. A la tienne, Goodis !