Eux sur la photo
de Hélène Gestern

critiqué par Sanchan, le 14 octobre 2011
( - 40 ans)


La note:  étoiles
Un roman épistolaire qui se lit d'une traite
Hélène ne connait pas sa mère, morte alors qu'elle n'était qu'une enfant. D'elle on ne dit jamais rien. A 38 ans, elle se retrouve la fille d'un fantôme qu'elle aimerait comprendre. En débarrassant les affaires de ses parents, elle découvre une coupure de journal. 3 jeunes gens y posent. Deux hommes et une femme, sa mère. Elle lance alors une bouteille à la mer, une annonce dans un journal pour retrouver la famille de l'homme dont le nom est indiqué. Stéphane répond, il s'agit de son père, un homme qu'il a l'impression de ne pas connaitre.
Ensemble ils vont se lancer dans une enquête, pour revivre le passé de ces deux parents, plus de trente ans après les faits...

Le roman est écrit sous forme épistolaire. Lettres, textos et mails sont les seuls échanges auxquels nous avons accès. Lorsque les personnages se rencontrent nous n'assistons pas à ces moments de connexions réelles.
L'écriture d'Hélène Gestern est légère, parfois poétique, surtout dans les descriptions de photos qu'elle fait (chaque chapitre commence par la description d'une photo qui aura son importance dans l'avancée des découvertes).

A partir de la mémoire photographique, Hélène Gestern explore la mémoire familiale. Les mensonges volent en éclats après la mort des protagonistes. Ces enfants devenus adultes sont en reconstruction permanente au fur et à mesure de leur découverte.
On est presque dans un policier, on enquête avec eux sur les non-dits, les faux semblants, pour lever le voile sur ce qui se cachait vraiment derrière.

Une fois lancé on ne peut plus s'arrêter.
Un premier roman frais et fort sympathique.
Secrets de famille, recherche d'origines 9 étoiles

La recherche de ses origines, les secrets de famille, voilà des sujets déjà bien souvent abordés mais ici, Hélène Gestern associe les deux et sait les intégrer dans une quête au cours de laquelle les réponses sont distillées au fil des pages.

S'ajoute à cela un regard sur les différentes générations et les poids sociaux qu'elles imposent selon les périodes, selon les cultures.

Une des originalités se trouve dans le fait qu'elle associe deux personnes totalement étrangères l'une à l'autre pour mener cette recherche. Les hasards d'une coupure de journaux les amènent à s'interroger conjointement sur une photo.

Tout cela est mené sous la forme d'un échange de correspondance. Les rares passages non épistolaires se rapportent à des documents échangés entre les deux intéressés.
L'importance de la recherche repose également sur les conséquences qu'elles pourraient avoir sur le présent.

L'écriture soignée, belle même, contribue à l'atmosphère délicate, respectueuse dans cet ensemble de sentiments entremêlés.
Il faut quand même bien trouver quelques défauts et c'est peut-être à ce niveau, qu'en cherchant, on peut en trouver. Les dialogues n'évoluent pas toujours l'évolution de la relation entre les deux personnages principaux (Jusqu'au bout du livre ils se vouvoient malgré ce qu'ils ont vécu ... très vieille France)

L'ouvrage est sensible, sans sensiblerie, délicat, tout en soulevant des problèmes difficiles, angoissants, déstabilisants.
Deuxième petit reproche : quel est le sens du dernier chapitre ?

Un réel plaisir de lecture tant de nombreuses qualités sont réunies.
Deuxième ouvrage de cet auteur que je lis. Un nom que je retiens.

Une dernière interrogation. Le personnage principal s'appelle Hélène... comme l'auteur
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Il cherche à s'isoler avec un chagrin, la seule chose qui restait d'elle, en définitive.

Tout équilibre n'existe que dans l'hypothèse de sa rupture.

Je suis entre deux eaux : une part de moi veut clore l'enquête, l'autre n'est pas encore prête à rendre ma mère à l'amnésie du monde.

J'hérite.../... du souvenir d'une robe turquoise et d'une adresse dans un cimetière. .../... C'est bien mince pour affronter le temps qui passe.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans - 22 août 2023


Un roman intime et magnifique 10 étoiles

Au hasard d'un rayonnage de la bibliothèque, je suis tombée sur ce livre et je me suis dit qu'il allait me plaire. Je l'ai dévoré. Tout m'a plu, les personnages, l'intrigue, les lettres, le secret, les descriptions des photographies... C'est un roman sur l'amour, sur la vie et sur le regard que l'on pose sur les souvenirs lorsque les gens ont disparu. Les personnages de Stéphane et Hélène m'ont beaucoup émue. Je crois que je vais offrir ce livre à deux ou trois amies.

Flo29 - - 51 ans - 15 mars 2015


Captivant. 8 étoiles

J'ai beaucoup aimé ce livre.
Ecrit sous forme de courts messages (lettres, mails, sms) et de documents.
L'idée des secrets de familles. De ce silence, ce poison qui mine une vie, est vraiment captivante.
Cette simple photo qui va permettre de découvrir un passé éteint.
Et puis en parallèle une histoire d'amour qui se tisse comme une réparation... c'est très habilement mené de la part d'Hélène Gestern.
Un style pudique, un peu rétro mais qui sert parfaitement l'histoire tout en restant très digeste.
J'ai pensé par moment à une correspondance de Stefan Zweig.
...
Le grain de la photographie est épais et pointillé, flou si on la regarde de trop près ; le vieillissement du papier journal a fait virer l'ensemble au sépia....
N'hésitez pas à vous y plonger !

Monocle - tournai - 64 ans - 10 juin 2014


roman épistolaire 7 étoiles

Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Elle a pour indices deux noms et une photographie, elle passe une petite annonce dans un journal.
Stéphane répond à l’annonce, va s’ensuivre une correspondance, une enquête, une rencontre.
Roman très sympathique, on ne lâche pas le livre, j’ai bien aimé le fait d’alterner les descriptifs de photographies qui nous donne l’impression d’être en possession de ces photos.
Helène Gestern signe son premier Roman

Dudule - Orléans - - ans - 13 mars 2012


secrets de famille 6 étoiles

Voici un roman dont la construction est originale. Les deux personnages du roman, Hélène et Stéphane, reconstruisent en effet leur passé familial, entaché d'un lourd secret, à travers une série de photos qui jalonnent leur enquête.

Les échanges entre Hélène et Stéphane se font de façon épistolaire : courrier, courriel, sms et l'on suit l'évolution de leurs sentiments en même temps que leurs découvertes et leurs réflexions sur ce qui les rattache.

L'idée est vraiment très bonne, la trame astucieuse et petit à petit le mystère se lève sur une partie du silence ayant entouré l'enfance des deux protagonistes.

Il est dommage que l'écriture ne soit pas tout à fait à la hauteur de l'ambition du projet. Quoiqu'écrit de façon très académique, l'écriture manque un peu de style et d'intensité. Les échanges entre les personnages ne sonnent pas tout à fait naturels.

Mais c'est une bonne histoire qui se lit sans déplaisir

Fanou03 - * - 48 ans - 27 février 2012


Lourds secrets 9 étoiles

Eux sur la photo, mais qui sont-ils ??? Une coupure de journal découverte dans un dossier montrant sa mère entourée de 2 hommes trouble Hélène Hivert. Elle a besoin de savoir, de relier tous ces fils du passé qu’elle ne connait pas et passe une annonce dans un journal comme l’on jette une bouteille à la mer.

Une réponse arrive … « Je pense avoir des informations sur la personne que vous recherchez : il s’agit certainement de mon père, qui a souvent séjourné à Interlaken en été…. »

Ils vont échanger une correspondance formelle, puis amicale, et enfin amoureuse mais toujours un peu en retenue, en pointillé, comme si la peur de la découverte les empêchait de franchir ce petit pas ; le vouvoiement en est la démonstration.

Pour eux, il y a une urgence à découvrir le passé de plus en plus commun de leurs père et mère car les 2 derniers témoins encore en vie détricotent leurs mémoires.
« Comme il est ironique de penser, en attendant, que la suite de nos recherches dépend des souvenirs improbables d’un homme au cerveau en partie mort et d’une vieille femme à la mémoire dévastée. Curieuse allégorie de ce présent que nous ressuscitons de ses ruines de papier, une photo après l’autre ».

Le personnage principal c’est ce lourd silence qui a accompagné la vie d’Hélène et celle de Stéphane. Au fur et à mesure que le secret se dévoile, plusieurs pistes sont possibles et les supputations peuvent faire mal. Reste l’interprétation qu’ils vont en faire et que nous découvrons à la fin du livre.

Signe des temps, ce sont les photos qui les guideront. A chaque avancée dans leurs recherches Hélène Gestern nous raconte une photographie et ces descriptions sont telles que vous avez l’impression de l’avoir entre les mains, j’ai vraiment eu ce sentiment avec la première.

La lettre posthume de Sylvia et le journal intime de Jean résonnent en moi comme un rappel de la vie dans les années 50 à 70. J’y ai retrouvé cette peur du « qu’en dira-ton », cette angoisse du manque, l’emprise bourgeoise…. qui ont écrasé Natacha, la mère d’Hélène et qui ont fait de même avec certaine personne de ma connaissance.

Un roman que j’ai lu en une soirée, bien calée, dos à la chaleur du feu et je n’ai pas voulu le lâcher. Ce n’est pas le besoin de savoir à tout prix, mais j’étais bien avec eux. Quelques phrases percutantes ponctuent une lecture où l’émotion est présente.

J’aimerais poser une petite question à l’auteure pourquoi avoir choisi le prénom d’Hélène qui est également le sien.

Je le classe dans mes livres à faire du bien et j’espère le prochain ouvrage d’Hélène Gestern qui nous a démontré qu’elle est un bel auteur.

Zazy - - 75 ans - 26 novembre 2011