Murmures à Beyoglu
de David Boratav

critiqué par Frunny, le 6 octobre 2011
(PARIS - 58 ans)


La note:  étoiles
Le Bosphore coule dans les 2 sens !
Avec " Murmures à Beyoglu " , David Boratav signe son 1er roman et quelle merveille !

L'Histoire d'un homme qui n'est plus qu'une ombre et qui a oublié le goût des choses.Le départ de sa femme et la mort de son père vont le conduire à retrouver ses racines , ses origines , à revoir Beyoglu ( quartier d’Istanbul ) , à la redécouverte d'un pays transformé.
Anesthésié par une Europe qu'il ne parvient pas à apprivoiser , il doit revivre en revenant sur les chemins de son enfance.
L'auteur nous fait humer , goûter , ressentir cette ville faite de sensations.
" Istanbul est le plus bel endroit du monde , une ville de rumeurs livrées aux petites gens. Une ville qui fait le grand écart entre les époques , à cheval sur un bras de mer " .
Un roman qui aborde avec tact les problèmes de la Turquie moderne :
- la montée du fanatisme religieux.
- les dérives de la droite populiste ( AKP ) et la chasse aux " terroristes " ( les étrangers ... )
- l'importance de la superstition qui gangrène les esprits.
- l'urbanisation galopante et anarchique des grandes villes sous-développées.
- l'impuissance et l'incompétence des services publics.
- les prisonniers politiques.

Mais qui n'occulte pas les splendeurs d'un pays déchiré entre l'Orient et l'Occident :
- la saveur des coings et d'un verre de Raki .
- le théâtre d'ombres et les contes .
- le football comme une religion ( les Derbys Besiktas/Fenerbahce )
- les splendeurs architecturales d'Istanbul ( Le pont de Galata , le Bosphore , la Corne d'Or , le palais de Topkapi , .... )

Ouvrage sensible , intelligent , sensitif ; fait d'odeurs , de sonorité de la langue et de calligraphie.
Un roman sur le déracinement et la recherche de son identité.
" Savoir d’où l'on vient et s'en souvenir " !

Une vraie réussite qui mérite largement ses 5 étoiles !