Le Printemps d'Helliconia
de Brian Wilson Aldiss

critiqué par CC.RIDER, le 5 octobre 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Une trilogie ambitieuse
Sur Helliconia, planète de type terrestre qui tourne autour de deux soleils, Batalix et Freyr, règne une sorte d'hiver permanent qui dure depuis plus de cinq cent ans. Les saisons sont donc si longues que les habitants, sortes de primitifs vêtus de peaux de bêtes et vivant de chasse, n'en conservent qu'un très vague souvenir qu'ils se transmettent oralement lors de fêtes rituelles sous forme de légendes. L'une d'elles raconte la saga de Yuli, fils d'Alehaw, et père d'une longue lignée. S'étant retrouvé seul dans cet univers blanc, le jeune garçon trouvera d'abord refuge dans la cité souterraine de Panneval où il sera formé par des prêtres avant de s'enfuir et d'être recueilli dans une cité composé de tours de pierres appelée Oldorando laquelle, au fil des siècles et des générations successives, verra de nombreux changements : radoucissement du climat, domestication des hoxney, apparition de la monnaie (le roon) et également épidémie de fièvre osseuse...
Ce « Printemps » est le premier tome d'une ambitieuse trilogie que l'on peut considèrer comme l'oeuvre majeure de l'auteur. Il repose sur la description minutieuse et parfois laborieuse d'un univers d'une richesse et d'une cohérence rappelant celles nettement plus célèbres du Cycle de Dune de Frank Herbert, de la saga d'Hypérion de Dan Simmons et à un degré moindre, du monde du Seigneur des Anneaux. Cependant l'inspiration en est totalement différente car Aldiss privilégie toujours la fresque pseudo-historique au panache du héros sur qui l'avenir d'un monde repose. Les procédés romanesques habituels de l'intrigue de fantaisie à rebondissements sont évincés au profit d'une méditation quasi-philosophique et de considérations poético-oniriques peut-être écrites sous l'influence de substances. De plus, Aldiss introduit une mise en abîme du regard de son lecteur qui interdit une immersion franche et directe (et donc une jouissance complète ?) dans la "réalité secondaire" de son monde inventé (par exemple, les Terriens de la station orbitale Avernus observent les Helliconiens sans jamais intervenir dans le cours des événements). Ces raisons peuvent expliquer sans doute pourquoi cette oeuvre n'a pas atteint le même degré de popularité que les trois autres. Elle est néanmoins considérée comme un des sommets du genre et mérite très largement le détour tant Aldiss y déploie des trésors d'imagination et d'inventivité.