D'un retournement l'autre : Comédie sérieuse sur la crise financière en trois actes et en alexandrins
de Frédéric Lordon

critiqué par Millepages, le 1 octobre 2011
(Bruxelles - 64 ans)


La note:  étoiles
La crise financière théâtralisée
Nous voici commenté en quatre actes et en alexandrins,
comment vous, moi, nous sommes fait avoir et pas un brin.
Et ils s’étonneront qu’on les fusille de regards obliques
Ceux dont les gabegies privées sont devenues dettes publiques !!
En audience auprès du président de la république,
Ces Messieurs de la Haute-Finance tirent des mines bien pathétiques....

Or donc, le chef de l'Etat se fait expliquer dans son bureau de l'Elysée, où sont convoqués son Premier ministre, ses conseillers, quelques éminents banquiers, le gouverneur de la Banque centrale un trader et un journaliste expert-financier, comment le marché "s'est retourné".

Le ton de la comédie convient étonnamment bien à la relation de la farce tragique qui se joue tous les jours dans les salles de trading du monde entier.
En même temps, le raffinement et la délicatesse du langage contrastent avec le cynisme et la sauvagerie de la spéculation financière, aujourd'hui cause de tant de malheurs et d'incertitudes.

Frédéric Lordon est un économiste qui n'en est pas à son coup d'essai dans sa tentative d'expliquer au public les tenants et aboutissants de la crise du capitalisme.

Ce bouquin-ci est une manière agréable de s'imprégner des grands schémas de la déroute d'un système qui a du mal à se remettre en question.
Excellent et très distrayant 8 étoiles

Ce texte devrait être enseigné dans les écoles, il est à la fois de très bonne qualité littéraire et d'une utilité éducative certaine.

Même s'il est écrit sous une forme qui peut évoquer à certains les "pensums" du lycée, les pièces de théâtre auxquelles ils ne comprenaient pas grand'chose (car étudiées trop tôt souvent), le texte est très distrayant et amusant, on ne s'ennuie jamais. L'esprit est guidé par la langue, très savoureuse, et par les idées, qui constituent une analyse politique dont bien des commentateurs pourraient prendre de la graine.

C'est une véritable éducation politique et sociale que procure ce texte au lecteur, avec une lucidité et une acuité d'analyse exceptionnelle. Un tour de force mais aussi un petit bijou d'utilité publique.

Tiziana Orlando - - 49 ans - 25 novembre 2011