Dictionnaire de la langue gauloise
de Xavier Delamarre

critiqué par Radetsky, le 27 septembre 2011
( - 81 ans)


La note:  étoiles
"Passe-moi le Celte...", ou encore "Astérix en V.O."
Beaucoup de nos contemporains ont tendance à confondre, ce qui n'est vrai qu'en partie, les Gaulois et les Bretons, lesquels n'ont été que des réfugiés politico-linguistiques tardifs débarqués bien après la fin de l'empire romain. Auparavant étaient les Gaules et leurs tribus dont on n'a retenu que les chamailleries, les beuveries, leur incapacité à voir plus loin que leur enclos tribal, etc. Je ne crois pas qu'on ait trouvé la Pierre de Rosette qui permette la traduction sûre des runes (alphabet primitif utilisé par le monde non romain du nord de l'Europe) en caractères modernes... En attendant, on profite du fait que nos Gaulois se sont mis à écrire tout bêtement en utilisant l'alphabet des Romains, gravant par exemple des stèles, des tablettes, des monuments, mais en utilisant leur propre langue et non le latin. On a ainsi, via de nombreux et savants recoupements, pu reconstituer une partie de ce que fut la langue de ces peuples qui, après avoir mis au point la métallurgie du fer 1000 ans avant notre ère, se sont répandus dans toute l'Europe, y laissant de nombreuses traces tant dans la toponymie que dans les langues utilisées encore aujourd'hui ; c'est ainsi que les habitants de Mareuil (maro-ialon) apprendront qu'ils habitent sur un "grand champ" et que ceux de Verdun (uero-dunon) ont de tout temps peuplé une "forteresse élevée", et que si vous traitez quelqu'un de "sacripant" (sacrapo), vous l'accusez en fait d'avoir le mauvais oeil...
Les nécessités de légitimation des Etats-Nations à partir du XVIIIe siècle et surtout au XIXe, leur ont fait travestir volontairement à peu près tout (Histoire, linguistique, littérature) ce qui aurait pu aider les peuples à se comprendre sans s'entretuer auparavant. C'est un des mérites de Xavier Delamarre, lequel, comme la nouvelle génération des linguistes attachés aux langues d'origine indo-européenne, tente de faire le point, plus sur les évidentes parentés que sur les différences, entre nos vieux parlers gaulois et la grande famille continentale. Les thuriféraires culturalistes, micro-nationalistes et autres délirants crypto-fascistes ne trouveront pas leur compte dans ce travail, autant le leur dire tout de suite...Vous pouvez déjà annoncer à Me Talamoni, avocat bien connu de la "corsitude" qu'il porte un nom gaulois jusqu'au bout de la dernière voyelle : ça lui fera plaisir !
On ne peut pas mettre une "note" significative sur le fond à un travail scientifique très spécialisé mais néanmoins accessible, et indispensable à la culture du profane, "Honnête Homme" de notre temps : qui ira mettre une "note" à Darwin, ou à Einstein...? Mais compte tenu de la spécialisation très fine de ce travail d'universitaire, je tiens compte du fait qu'il puisse en rebuter quelques uns.