Trois nouvelles : Le grand Michu ; Jacques Damour ; Angeline
de Émile Zola

critiqué par Pucksimberg, le 18 septembre 2011
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Trois nouvelles de qualité !
Ce petit recueil contient 3 nouvelles très différentes les unes des autres. Elles sont touchantes, belles et intéressantes par le témoignage qu'elles proposent sur le 19ème siècle.

"Le grand Michu" met en scène un jeune homme de presque 18 ans, en classe de quatrième ( imaginez le décalage avec le reste de la classe ), issu du milieu paysan. Il est impressionnant par sa stature, admiré par les autres adolescents, mais sera utilisé par ces derniers pour une révolte à la cantine afin d'évincer ... la morue à la sauce rousse et les haricots à la sauce blanche des menus.

"Jacques damour" est le récit semi-tragique d'un prisonnier du bagne de Nouméa, arrêté car communard. Il se voit donc exilé loin de Félicie son épouse et de sa fille et fixe avec mélancolie la mer qui l'éloigne davantage des femmes qu'il aime. Il décide un jour de s'échapper, réussit son évasion spectaculaire, mais un corps décomposé est retrouvé en mer. Jacques Damour est mort. Non pas du tout ! Ce n'est pas son corps ! Mais on croit que ça l'est ! Félicie, jeune veuve refait sa vie, s'est débarrassée de sa fille, a deux autres fils. Comment affonter cette réalité quand on est bien vivant et qu'on nous croit bien mort ?

"Angeline" est la confession d'un narrateur au sujet d'une vieille demeure hantée : la Sauvagière. Cette maison est délabrée et abandonnées, personne ne souhaite l'acheter car un triste fantôme ne cesse de crier "Angeline, Angeline, Angeline".

Ces nouvelles ont pour toile de fond un contexte historique bien décrit, très facile à visualiser. Les personnages zoliens sont conditionnés par l'Histoire et sont profondément tragiques. Ils ne parviennent pas à échapper à leur condition. De plus, en fin psychologue, l'écrivain naturaliste dissèque les comportements humains et ne cesse de nous surprendre par nos réactions parfois contradictoires. Quand l'homme ne peut contrer, il accepte sa condition, seul moyen de survivre.

Ces trois nouvelles sont très différentes, un récit d'enfance, un fait divers réécrit en nouvelle, un texte fantastique, et laissent entrevoir le talent illimité de cet écrivain qui n'est pas uniquement l'auteur de "Germinal".