Amer Béton
de Taiyō Matsumoto

critiqué par Magicite, le 15 septembre 2011
(Sud-Est - 45 ans)


La note:  étoiles
il manque des vis du cerveau à Blanco et des vis du coeur à Noiro
Mon titre pourrait être une perle dans la boue.
Avant de vous parler de Blanco et Noiro, les deux enfants de cette histoire en marge de l'industrie manga japonaise je vais vous parler de la forme.
Le graphisme est loin du stylisé habituel des shônen et autres grandes publications. L'image est noire et blanche, parfois repoussante à première vue car l'auteur ne nous montre pas les villes et les gens sous un aspect épuré mais avec le réalisme de leur mocheté: sang et crasse. Cette foison de détails confirme l'aspect punk et urbain de cette bande dessinée, fait partie intégrante de la richesse narrative et après l'avoir lu même si le graphisme me rebutait au début je suit convaincu qu'il n'aurait pu avoir meilleure illustration pour Amer Béton.

Les thèmes sont universels bien qu'ancrés dans la culture japonaise d’après guerre, s'ils paraissent être l'enfance au travers de la bande des chats ils vont bien plus loin que ça, gamin des rues pauvres et errants d'aventure en aventure car leur domaine est leur terrain de jeu ces rues où ils vont se battre pour marquer leur territoire et donner libre cours à leur fantaisie baroque et burlesque.
Les enfants ne sont que le reflet de la nouvelle génération citadine. Les chats sont 2 gamins des rues, deux frères "qui complètent" leur lacunes individuelles par leur union. Un peu comme le Yin et le Yang: l'aîné qui pourrait avoir entre 11 et 13 ans est rêveur et quand le cadet est violent sauvage et dans l'immédiateté. Ils vont au gré d'aventures violentes et rêveries enfantines affronter la mafia, la croissance de l'urbanisme et la dé-socialisation d'une ville qui pourrait être n'importe quel centre urbain japonais.
Noir et poétique c'est un constat social sur l'industrialisation et la croissance urbaine qui fait perdre l'âme au lieu et aux gens. Les autres personnages sont les adultes qui sont aussi le reflet de leur époque: un chef yakuza sur le déclin et son protégé, le nouveau gangster sans scrupule attiré par le profit qu'il peut obtenir de la ville, un oncle vieillissant qui parait las et écœuré de l'évolution de la cité, le psychologue et le policier dépassés par le phénomène des 2 enfants, dépassés par criminalité et pauvreté...

Un choc à découvrir, entre rires et larmes.

ps: il existe d'un film d'animation qui reprend l'histoire, il est agréable mais peu représentatif de ce que sont les 3 tomes de cet étrange récit même s'il a des qualités et une certaine fidélité (tronquée) à l'original.