La rage et l'orgueil
de Oriana Fallaci

critiqué par Jules, le 5 juillet 2002
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Trop de rage, trop d'orgueil !
Voici un livre qui provoque un véritable tollé ! La presse internationale est remplie d'interventions de lecteurs et toutes ne vont évidemment pas dans le même sens… Les uns hurlent contre les prises de position de Madame Fallaci et d’autres ont une tendance à la suivre. En paraphrasant La Fontaine nous pourrions dire : « Selon que vous soyez… »
Le titre est bien le reflet du livre. Madame Fallaci parle de la rage. Manifestement elle en ressent plus qu'une solide dose. Quant à l’orgueil il en va de même. La rage est tournée contre les Arabes et les musulmans, mais aussi contre nous-mêmes dans la mesure où elle estime que nous sommes devenus bien trop lâches que pour voir les choses comme elles sont et en tirer les conséquences qui s'imposent. Et l’orgueil est ressenti tant elle estime notre civilisation et notre culture plus que largement supérieure à tout ce que le monde arabe a pu produire dans son histoire.
Cela dit, ce livre est aussi plein de vérités. Elle écrit : « Mais il y a des moments dans la vie où se taire devient une faute et parler une obligation. » Cela est indiscutable et il est évident que cette faute ne pourra pas lui être imputée ! Un peu plus loin, elle cite un homme politique italien réfugié aux Etats-Unis avant la guerre et qui disait : « Si vous ne faites rien, si vous restez inertes, tôt ou tard ils vous attaqueront aussi ! » Elle a raison, l’inertie face aux attentats du 11 septembre et aux déclarations multiples des extrémistes musulmans serait la plus dangereuse des erreurs ! Mais elle écrit aussi : « Plus une société est démocratique et ouverte, plus elle est exposée au terrorisme. Plus un pays est libre, incapable de tolérer les mesures policières, plus il subit et risque les détournements et les massacres… » Cela est tout aussi vrai et cela peut même se voir dans la lutte contre l'insécurité dont les peuples européens se plaignent tant. Ils veulent le rétablissement de la sécurité, mais la police ne peut en aucun cas les déranger dans leurs vies de tous les jours ni dans leurs droits fondamentaux. Autant demander la quadrature du cercle !… Atre sur un ring, face à son adversaire, avec un bras lié dans le dos est une situation pour le moins périlleuse !…Tout, comme toujours, est question de mesure.

Madame Fallaci ne manque sûrement pas de courage, mais je lui reprocherais bien souvent un ton et des idées par trop excessives. Elle nie en bloc ceux qu'elles n'aiment pas, alors qu’ils sont loin d’être tous mauvais. Ses propos sont souvent profondément injurieux, méprisants, et cela n'aide pas à ce que certains auraient pu accepter certaines de ces idées. Bien sûr il y a des vérités, mais elles sont noyées dans tellement de propos excessifs ! Je comprends qu’elle a écrit sous le coup de la rage, mais l'écriture devrait justement permettre un certain recul.
Même si ce livre contient certaines vérités, il ne m’est pas possible d'adhérer à son ensemble.
10 ans après... 7 étoiles

...les attentats du 11 septembre qui ont conduit Oriana Fallaci a écrire ce livre en réaction aux événements.

Que reste-t-il de la rage qui a submergé certains occidentaux à la suite des attentats? Pas grand' chose il faut avouer...les Etat-Unis décrédibilisés suite à l'invasion de l'Irak, un "camp occidental" éclaté, une Europe en lambeaux, à la merci de l'impérialisme économique chinois qui semble poindre...bref, le constat que l'auteur effectuait il y a 10 ans est plus d'actualité que jamais: l'Occident se morfond et attend sa mise au tombeau, c'est flagrant et inexorable, hier cible des islamistes radicaux, demain, placé sous le joug des Chinois conquérants.

Le constat est vrai dans ses larges proportions, la forme en revanche est contestable et, à vrai dire dessert le propos.
Bien qu'elle s'en défende, O.Fallaci a écrit un pamphlet anti-musulmans au premier chef, ainsi qu'un pamphlet anti-élites. On sombre la plupart du temps dans l'attaque ad nominem et l'outrance caractérisée, je ne suis pas sûr que la cause occidentale soit la mieux défendue de cette façon. Je suis même certain que cette forme de démonstration, bien qu'éminemment courage est contre-productive.

Vince92 - Zürich - 46 ans - 31 décembre 2011


A bas les ventres mous. 8 étoiles

C'est ce que semble nous dire la dame,qui ne fait que révéler aux aveugles et aux sourds que les événements qui nous attendent vont être comme une lame de fond dévastatrice, et ce ne sont pas nos idéologies et surement pas notre couardise qui nous sortiront de là.

Hexagone - - 53 ans - 8 janvier 2009


Bien d'accord avec Mildex 5 étoiles

Bien sûr que Fallaci nous dit aussi des vérités, mais elle fait plus que frôler l'excès et cela nuit à l’ensemble de la crédibilité de son livre. C'est vrai aussi que la rage est une chose qui est parfois nécessaire et qui remue et aère des bas-fonds souvent devenus par trop enfouis et donc nauséabonds. Le politiquement correct est un des grands défauts de notre époque, mais je ne changerai cependant en rien la fin de ma critique: elle va bien trop loin !...

Jules - Bruxelles - 79 ans - 7 octobre 2002


La colère, mauvaise conseillère? 6 étoiles

Quelquefois la colère permet de sortir des choses enfouies sous des tonnes de politiquement correct. C'est ce que Orania Fallaci a fait. Depuis des années, elle contenait son opinion sur les musulmans et l'attentat du 11 septembre a libéré la digue. Elle ne demande pas que son opinion soit partagée mais écoutée. Elle veut provoquer le débat. Celui-ci est confisqué par une gauche bien-pensante hurlant au racisme dès que l'on parle des musulmans. Mais la démocratie n'est pas à sens unique!
Si le livre d'Orania Fallaci permet la discussion, il aura atteint son but.

Mildex - Liège - 51 ans - 5 octobre 2002


Un morceau de ma critique a disparu... 5 étoiles

Je disais également que là où Madame Fallaci a également raison c'est quand elle fustige l'incapacité et le manque de volonté qu'ont nos démocraties à défendre nos valeurs et nos cultures. Mais cela n'est pas que le fait de nos politiques. Ce défaut réside aussi en chacun de nous ! A nous voir, bien souvent, seule la facilité compte et tout file en quenouille...

Jules - Bruxelles - 79 ans - 5 juillet 2002