Un silence de clairière
de David Thomas

critiqué par Dirlandaise, le 8 septembre 2011
(Québec - 68 ans)

La note: étoiles

Suis-je le gardien de mon frère ?

J'ai trouvé cet auteur par le biais du site de lecteurs Orange car il est récipiendaire de leur prix littéraire de cette année. La curiosité aidant, je me suis plongée dans la lecture de la vie de cet écrivain raté qu'est Adrien Lipnitsky. Marié à Sarah, le couple bat de l'aile. Adrien n'est plus attiré sexuellement par elle et de son côté, Sarah est déçue car elle espérait de son mari une gloire et un succès littéraire qui, hélas, tardent à se concrétiser. Les livres d'Adrien ne se vendent pas ou très peu et son éditeur n'a plus beaucoup d'espoir de voir son auteur lui rapporter quelques sous. Adrien est dans une période de réflexion et de flottement. Il se comporte parfois d'une façon étrange ce qui pousse sa femme à lui conseiller l'aide d'un psychiatre. Mais Adrien sait qu'il a atteint un point de non-retour et il décide de prendre la fuite sous le prétexte de partir à la recherche de son frère ainé, un homme aventureux proche de la nature dont la famille n'a plus de nouvelles depuis plus d'une année.

Roman fort agréable. L'écriture de David Thomas est très douce, simple et lumineuse. Il réussit à rendre son narrateur extrêmement sympathique pour le lecteur. En effet, Adrien jette un regard désabusé sur sa vie et sur celle des gens qui l'entourent. Ses réflexions sont parfois teintées d'un humour irrésistible. Il est très critique et lucide envers lui-même. Il ne se prend pas au sérieux et connaît ses limites. Afin d'exorciser son présent assez morne et déprimant, il plonge dans le passé et se remémore son enfance auprès de son grand frère Paul. Les deux hommes sont aux antipodes l'un de l'autre en ce qui concerne les goûts et le caractère. Adrien est un homme de ville alors que Paul ne rêve que de grands espaces et de forêts giboyeuses ce qui occasionne à sa famille bien des ennuis car Paul prend l'habitude de fuguer régulièrement, laissant ses parents se débattre avec le désespoir et l'inquiétude.

J'ai particulièrement aimé la dernière partie alors qu'Adrien part à la recherche de Paul et se rend jusqu'au Danemark et en Suède. Il loue une cabane dans la forêt et tente de vivre la vie que Paul privilégie en s'initiant à la pèche à la ligne et à la vie rudimentaire d'un homme des bois. Mais Adrien n'est pas Paul et son apprentissage d'hommes des bois est plutôt laborieux et parfois assez cocasse.

Un très beau roman sur la famille et l'attachement indélébile existant entre ses membres malgré les différences qui les séparent.

Je le recommande pour la belle écriture toute simple et pour l'histoire que j'ai bien aimée. Un auteur à suivre.

" Quand on part se promener on ferme sa porte. Il n'y avait ni fuite ni précipitation dans ce que je faisais. Il ne tenait qu'à moi de me perdre. Je n'avais plus peur. La forêt ne m'intimidait plus. Je pouvais bien m'égarer, cela m'était égal. De toute façon, Paul me retrouverait. Voilà ce qu'une pulsion irraisonnée me chuchotait à l'oreille. Il me suffirait de crier son nom et d'attendre. J'étais chez lui, je m'étais invité chez lui. Il ne me laisserait pas tomber. Je pouvais compter sur mon frère pour m'éviter la déraison qui peut saisir un homme perdu. "

Nombriliste

Un écrivain n’arrive plus à écrire ni à faire l’amour, n’a plus de désir pour rien. Il ne trouve pas le sommeil la nuit et dort chez le psychologue que sa femme lui a conseillé de voir. Il se souvient qu’il a un frère aîné dont il n’a pas de nouvelles depuis plus d’un an. Il se donne comme but de le retrouver et il part à Copenhague, sa dernière adresse connue puis dans la forêt suédoise.

Au cours de son voyage, il comprendra que sa femme et sa fille lui manquent et que, si son frère ne donne pas signe de vie, c’est peut-être qu’il ne souhaite pas d’attaches.

C’est un petit livre avec des chapitres courts pour gens pressés comme cela semble être la mode en ce moment. Il ne me laissera pas un grand souvenir.

IF-0112-3830

Isad - - - ans - 22 janvier 2012