La dissociété
de Jacques Généreux

critiqué par Bolcho, le 6 septembre 2011
(Bruxelles - 75 ans)


La note:  étoiles
Pour se nettoyer les neurones une bonne fois
Le néolibéralisme est parvenu à faire croire à tout le monde – ou presque – qu’il n’agissait pas par idéologie mais tout simplement qu’il acceptait la « réalité » des choses.
Jacques Généreux démonte cette idée en puisant jusque dans l’anthropologie.
Alors ? L’homme est-il bon ? Est-il mauvais ? Partageur de nature ou prédateur ? Que nous raconte notre passé lorsque nous remontons à nos origines ? C’est passionnant, de quoi remplir de nombreuses pages sur le forum de Critiques Libres, à coup sûr.
Ce livre extrêmement dense constate aussi que nous ne vivons pas dans des démocraties, que les partis de droite et ceux « de gauche » ne se distinguent plus vraiment les uns des autres, que l’individu est de plus en plus seul (même si on lui fourgue des téléphones portables…), que la lutte politique, aujourd’hui, est à mener surtout dans le domaine des idées puisque les tenants du marché ont réussi à faire passer leurs présupposés idiots pour des vérités évidentes.

Je ne vous ferai pas le sale coup de tout vous résumer (même si, comme d’habitude, j’ai un résumé de vingt pages sous le coude) ; voici tout de même quelques-unes des questions abordées :
- Qu’est-ce qu’un être humain ? Les néolibéraux veulent nous faire croire qu’il est parfaitement autodéterminé et maître de ses actes.
- Quelle est la relation naturelle d’un être humain à autrui ? Pour les néolibéraux, l’individu est strictement égoïste, agressif et prédateur. Qu’en disent les anthropologues ?
- Pourquoi ces individus égoïstes vivent-ils en société ? Pour maximiser la production disent nos défenseurs du marché libre. Pas du tout répondent les historiens.
- En quoi consiste le progrès d’une société humaine ? La marche vers l’abondance matérielle bien sûr et la libre concurrence qui en est la garantie ! Vous avez deviné qui a trouvé la réponse ? Notre néolibéral de service…

Je conseille ce bouquin à tous ceux que ces questions intéressent. Et je précise – gage de mon impartialité…- que l’auteur ne traite pas toujours avec générosité… les mouvements politiques qui ont ma faveur : les néolibéraux nous ont conduit à la dissociété (pas de lien social), mais les tenants du communisme, par exemple, feraient planer le danger de l’hypersociété (où l’individu n’a pas assez sa place).