Imi Knoebel, vitraux de la cathédrale de Reims
de Collectif

critiqué par Patmos, le 5 septembre 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
L'Affaire des Verrues.
Imi Knoebel. Vitraux de la Cathédrale de Reims, Kerber, 2011.

L'affaire des vitraux de Knoebel inaugurés en juin dernier fut de bout en bout une histoire au parfum de scandale où se mêlèrent charlatanerie, hypocrisie et lâcheté. Nous ne reviendrons pas ici sur ce que nous avons dit dans le blog "Le Syndrome de Knoebel" - http://reimssyndromeknoebel.over-blog.com/# - qui fut largement ignoré localement par la presse, ni sur les dessous de cette commande catastrophique voulue par la DRAC et  que l' atelier Simon-Marq dût réaliser plus ou moins à contre-coeur! On découvrira dans cet ouvrage illustré outre une préface à dormir debout du Ministre, parlant à propos des vitraux de « grande spiritualité », ce qui concernant un artiste « athée » (p. 9) relève de la performance, un certain nombre de propos flagorneurs qui vantent naturellement les mérites  de cette oeuvre inepte réalisée en catastrophe à partir d'anciens collages (Messerschnitte, 1978-79), sur le conseil de l’épouse d'Imi Knoebel (p.52)! Pour trouver à posteriori  un sens très hypothétique derrière le vide et l'agression visuelle, J. Stüttgen n'hésite pas à citer longuement Denys l'Aréopagite, croyant justifier l'abstraction par la théologie négative, ce qui rappelle les tentatives désespérées de l'Archevêque de Reims, lors de l'inauguration, de faire un rapprochement improbable entre ces vitraux et... la Transfiguration!
Une situation aussi désolante pour l'édifice dont il était pourtant question de fêter le 8e centenaire, montre qu'il existe des moyens non-violents de martyriser un chef d'oeuvre aussi prestigieux que la Cathédrale des Sacres. Aurait-on fait la même chose avec la Sainte Chapelle? Sûrement pas! A l'image de la gabegie actuelle, la politique artistique qui consiste stratégiquement à valoriser certaines productions contemporaines en se servant de cadres anciens vénérables, comme Versailles, se révèle donc très répréhensible. Espérons qu'un jour Notre Dame de Reims sera débarrassée de ces verrues.
  Patrick Geay