Plis perdus de Jean-Claude Pirotte

Plis perdus de Jean-Claude Pirotte

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Kinbote, le 3 juillet 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 7 étoiles
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Littérature et autres broutilles

La ligne est mince entre la banalité d’une écriture et la grâce d'un style. Tout le mérite de Jean-Claude Pirotte est de louvoyer entre ces deux états, ces deux tendances, en connaissance de cause.
Conscient qu’ « il faudrait ne rien écrire que de significatif, de singulier mais sans afféterie » et de « patauger dans l’ordinaire et le tout-venant », Pirotte sait par ailleurs que « quand on dit qu'un livre et bien écrit, il est temps que son auteur se méfie » car « bien écrire ne signifie rien, c’est écrire comme tout le monde , avec la bénédiction des instituteurs ». Et de citer Joseph Joubert en guise de justification à sa démarche: « Les lieux communs sont véritablement des lieux, car tout doit y être placé. Si vous voulez bien penser, bien parler, bien écrire et bien agir, faites-vous d’abord des " lieux ", de vrais lieux. Faute de vrais lieux, on place ses pensées hors de vrai jour et sa conduite hors de l'ordre. »
Jean-Claude Pirotte nous donne donc, en ayant l'air de paresser (la paresse est l'état nerveux par excellence, écrit-il en citant Perros) autour d’un verre de vin ou de cognac, et en nostalgique de son enfance (« l’art est l’enfance qui a fermenté », Ortega y Gasset), des conseils d’écriture et des leçons de lecture.
Ses admirations littéraires vont à des écrivains tels que Jaccottet, Thomas, Bobin, Guilloux, Chardonne, Perros , Folain, Lubin, Borel ou André Dhôtel. Il donne une analyse singulière des livres de ce dernier en disant que « Le pays où l'on n’arrive jamais » a fait beaucoup de tort à cet auteur en ayant un peu été l'arbre qui cache la forêt.
Au passage, il égratigne Simenon pour son goût du dénigrement, la machinerie trop bien huilée de ses romans.
Pirotte fait aussi ce constat que tous les grands peintres sont de grands écrivains : « Delacroix, Rouault, Braque, de Staîl, Klee , Dubuffet, la liste est longue… »
A propos de la belgitude, il a cette phrase amère: « Quand on est belge tôt ou tard on s’empresse de cesser de l’être » et il rapporte cette phrase de Blavier à Queneau : « les idées sont des catins qu'on n’encule jamais jusqu’au fond, elles vous rompent le vit avant ».
Une des sections du livre a pour titre : « Littérature et autres broutilles » : cela résume fort à propos son contenu.

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