The man who owns the news
de Michael Wolff

critiqué par Oburoni, le 3 septembre 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Rupert Murdoch
Homme d'affaire modèle et visionnaire pour les uns, vulgaire technocrate amoral pour les autres Rupert Murdoch ne laisse personne indifférent. Quelques semaines après la fermeture du "News of the World", s’effondrant sous les scandales de piratages téléphoniques, je me suis dit qu'il était temps d'attaquer sa biographie.

Michael Wolff, auteur spécialiste des medias (il est lui-même journaliste et correspondant américain) nous offre ici un portrait du bonhomme franc, direct, ne mâchant pas ses mots même s'il laisse parfois transparaitre une certaine admiration, un certain respect. Ecrit alors que Murdoch achète le "Wall Street Journal" (une transaction épique) il revient sur son parcours professionnel et sa vie privée, les deux inextricablement liés pour nous faire découvrir un businessman typique : obstiné, agressif, cynique, opportuniste mais dont l'impact sera immense.

Qu'on le veuille ou non au cours des dernières décennies Rupert Murdoch a en effet transformé le journalisme. Premier à comprendre, dès les années 1970, que la presse va se globaliser il va bâtir un véritable empire médiatique, de l'Australie (sa contrée natale) aux Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mieux (pire ?) : il change la presse écrite, mélangeant divertissement et information en un méli-mélo confus.

La culture des tabloïds ? C'est lui. "Immédiateté, acuité, efficacité et émotions " pour les uns, vulgarité abrutissante, "maladie journalistique moderne, un virus" pour les autres (des filles aux seins nus de la page 3 du "Sun" aux ragots sur les célébrités vendus comme de l'info') sa philosophie du "vendre au consommateur ce qu'il veut" est assez controversé comme cela, il y a pourtant plus préoccupant.

L'homme trimballe aussi une ribambelle de scandales qui font assez froid dans le dos. Vous pensiez la transformation du "Times" ou le scoop autour des journaux intimes d'Hitler polémiques ? C'est sans compter avec certaines de ses campagnes, aux conséquences douteuses pour la démocratie (l'affaire Gough Withlam en Australie, Fox News et la guerre en Irak, ses rapports avec Tony Blair...).

Un pavé, certes assommant par moment (les transactions détaillées d'hommes d'affaires dont Wolff n'épargne pas les parcours) mais qui constitue un regard inestimable et profond sur l'un des plus puissants magnat de la presse contemporaine. Au-delà des longueurs le tout reste donc une lecture intéressante.