La sainte famille
de William Cliff

critiqué par Kinbote, le 1 juillet 2002
(Jumet - 65 ans)


La note:  étoiles
Un premier roman peu convaincant
Suite à une lettre d’un indéterminé Baron l'invitant à Montolieu, le narrateur dit son goût des villes, son appétit de la déchéance inspiré des grands romantiques. C'est l'évocation de l'enfance, le temps de l’inclination pour les garçons et la marginalité. Cela constitue la meilleure partie du livre avec des accents vitupérants à la Thomas Bernhard. « Ainsi de journée en journée, de défécations en mictions, de réfectoire en étude, de classes en récréations, de dortoir en chapelle, ainsi passions-nous des semaines, des mois et des années, loin de nos parents et de la vie réelle, dans des flatulences de grec et de latin, des borborygmes de mathématiques et de chimie, dans des récitations, des punitions, des gesticulations qui nous rendaient apparemment tous semblables mais qui n’empêchaient pas que grondassent en nous des guerres inexpiables, et de puissantes attirances tout à fait inavouables. »
Hélas, la suite déçoit comme si le narrateur, qui a accepté de mauvais grâce l'invitation à se rendre à Montolieu, en rendait le séjour monotone avec un ennui difficilement dissimulé qu’il essaie toutefois d’égayer par des échappées narratives qui ne mènent pas bien loin.
Heureusement il rentre en train à Bruxelles, détaillant les jeunes hommes à la façon d’un dandy d'un autre siècle découvrant l'exotisme des temps présents, où on devine, on espère que la vie urbaine lui inspirera à nouveau de ces vers qui nous ont charmé, choqué de même qu’ils ont revivifié l’alexandrin devenu désuet ou circonstanciel.