Ma paresse
de Italo Svevo

critiqué par Sissi, le 22 août 2011
(Besançon - 53 ans)


La note:  étoiles
"Les choses les plus simples sont trop compliquées."
Paresseusement, sur quelques toutes petites pages, Italo Svevo disserte sur le temps qui passe :

« On ne peut chercher le présent sur un calendrier ou sur une horloge, que l’on ne consulte que pour déterminer sa relation au passé ou pour s’approcher du futur avec la conscience plus ou moins claire. Moi, les choses et les personnages qui m’entourent : nous sommes le véritable présent. »

Alors comment le vivre, ce présent, finalement ? Le narrateur répond à cette question difficile et de manière très catégorique: on ressent le présent (et du coup on le vit vraiment) en étant à l’écoute de soi, à l’affût de la moindre dégradation insidieuse du corps, et en essayant incessamment de gruger Mère Nature :

« Une bonne partie de mon présent, c’est indéniable, puise dans la pharmacie. »

De façon plus large, et avec beaucoup d’humour et d’ironie, il analyse les petits arrangements qu’on passe avec soi-même, et de quelle manière on peut habilement se dédouaner de ses actes :

« J’ai toujours été très entreprenant. L’opération exclue, j’ai voulu rouler Mère Nature en lui faisant croire que j’étais encore apte à la reproduction : j’ai donc pris une maîtresse. Cela a été la relation la plus calme que j’ai connue dans toute ma vie. Avant toute chose, cette liaison ne m’est pas apparue comme une faute ou comme une trahison vis-à-vis d’Augusta. C’était un sentiment bizarre : j’avais l’impression que cette décision de prendre une maîtresse équivalait à entrer dans une pharmacie ».

Un beau petit moment, qui pousse à rester bien vivant et plein de désir avant que la mort nous emporte.
Une portion de texte est retranscrite deux fois dans la foulée : acte volontaire ? Erreur de frappe ? Paresse supplémentaire ?
Cela n’entache en rien le plaisir très furtif mais intense que procure la lecture de ce tout petit livre.