Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? : La nouvelle christianophobie
de Alexandre Del Valle

critiqué par Areopage, le 18 août 2011
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Une analyse accablante
La liberté de conscience, la fraternité, la tolérance sont tellement ancrées dans nos mœurs occidentales chrétiennes ou post-chrétiennes qu'elles nous paraissent une simple évidence, un droit inaliénable et universel. Pourtant, cette évidence n'a pas cours sous toutes les latitudes. En terre d'Islam, les chrétiens autochtones sont sauvagement persécutés, égorgés, harcelés, conspués, humiliés. Si c'était l'affaire de l'extrémisme uniquement, on pourrait se dire qu'il y aurait de l'espoir de vaincre un jour, par le droit, la diplomatie ou des aides financières les pays victimes de ces fondamentalismes. Mais l'affaire est plus grave. Dans son ouvrage, Alexandre del Valle décortique les mécanismes qui sont à l'oeuvre, et qui expliquent comment, au XXIe siècle, la religion chrétienne est la plus persécutée au monde, et pourquoi le monde, globalement, ferme les yeux.

Relégués au rang de citoyens inférieurs, sans cesse humiliés et vexés dans leurs biens et dans leur chair, les chrétiens sont considérés comme des apostats, des traîtres, des alliés des "croisés", bref les éléments les plus subversifs des États, même prétendument laïques, tirant leur droit de la charia. Car l'intolérance et l'injustice sont souvent ancrées dans le droit public : interdiction de se convertir à une autre religion que l'Islam, interdiction du prosélytisme, interdiction de construire ou de rénover des églises, de diffuser de la littérature religieuse autre qu'islamique, interdiction du blasphème... Au nom de ce dernier interdit, bien des débordements fanatiques, bien de basses vilenies...

Pays après pays, Alexandre del Valle dresse la liste des États qui persécutent les chrétiens - en Orient spécialement. Ces États donneurs de leçon sur les droits de l'homme, particulièrement le respect et la tolérance des minorités musulmanes en Occident, ou encore sur les méfaits du colonialisme, mais qui oublient au demeurant que leur société repose elle-même sur des conquêtes - et sans remords ! - de plus grande ampleur, et surtout que l'absence de liberté de culte, de croyance et d'expression, sont constitutifs du ciment social (par exemple pour le cas où la fameuse Asia Bibi serait libérée légalement, plusieurs dizaines de milliers de volontaires très-fidèles, de "purs", et pas seulement des extrémistes, sont prêts à l'égorger eux-mêmes : c'est dire comme la population peut être soudée par une commune croyance, intransigeante, qui exalte la haine des juifs, des croisés, et des chrétiens).

On apprend ainsi, avec horreur, les abominations perpétrées contre la minorité chrétienne dans ces pays musulmans, mais aussi bouddhistes, hindouistes, communistes. Le bilan est accablant, tant par la clarté, la lucidité de l'analyse, que par le déluge des faits.

Espérons que cet ouvrage brillant éveillera les consciences partout dans le monde, alertera institutions et diplomaties, et permettra, par un juste retour aux choses, que les chrétiens d'Orient puisse vivre en paix sur des terres qu'ils foulent depuis très longtemps, bien avant l'émergence de l'Islam.