Voltaire
de René Pomeau

critiqué par Béatrice, le 17 août 2011
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Un portrait réussi
Un très bref essai où l’on découvre Voltaire, sa vie, son œuvre. J’ai apprécié la brièveté (cent pages) et l’absence de sécheresse didactique. Certains aspects sont simplement effleurés, cela donne envie d’aller plus loin. L’auteur évoque le rayonnement de son esprit, sans occulter ses erreurs et ses vanités. Comme il n’y a pas de fil rouge, à la fin j’ai du reprendre le texte afin de saisir les grandes lignes.

Extraits :
« La discontinuité de son existence remet, à chaque instant, tout en question ».
Au sujet de la pensée politique :
« L’inaptitude de Voltaire à la synthèse l’empêcha de poser correctement la question politique. Il est ici très inférieur à Montesquieu, [ ] qui a vu que c’était un problème d’institutions. »
« Idéaliste, Voltaire veut changer l’esprit des hommes ».
Il glorifia le despotisme éclairé, mais « il fut bien penaud d’apprendre que ses rois prétendus philosophes avaient partagé leur proie [la Pologne] ».

Au sujet de sa prose et ses vers :
« Dans les pages polémiques, lettres, contes, Voltaire est meilleur », parce que « ce sont les pages où il se contraint le moins ».
Il est …
« un causeur étincelant, un séducteur »
« un auteur bref qui a laissé une œuvre immense »
« un prodigieux brouillon ».
En revanche la poésie de Voltaire n’est pas passée à la postérité.
« Peut-être ce poète s’étrangla-t-il lui-même, par une trop sévère surveillance de soi. [ ] Shakespeare, Milton, Ezéchiel, Corneille sont des génies incultes, des barbares, des ‘sauvages ivres’. [ ] Il exige que l’art muselle le ‘monstre odieux ‘ dont parlait Boileau ».

A la fin, grâce à quelques extraits, on découvre ce qu’en pensent les autres. Chateaubriand écrit dans « Le Génie du Christianisme » : « Excepté dans quelques-uns de ses chefs-d’œuvre, [Voltaire] n’aperçoit que le côté ridicule des choses et des temps, et montre sous un jour hideusement gai l’homme à l’homme. »