Apprendre à faire le vide : Pour en finir avec le "toujours plus"
de Paul Ariès, Bernadette Costa-Prades

critiqué par Dirlandaise, le 15 août 2011
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Pour un monde meilleur et plus juste
Paul Ariès est politologue et écrivain. Ce petit livre fort intéressant retrace l’histoire de notre rapport à la consommation. Il explique comment l’industrie, à la fin de la guerre, a conditionné nos comportements afin de consommer encore et toujours plus afin de satisfaire à la production industrielle toujours croissante. Comment nous sommes donc passés d’une société de consommation à une société d’hyper-consommation, comment les produits de qualité ont peu à peu été remplacés par des produits destinés à durer pendant un court laps de temps, comment le crédit a envahi nos vies et nous permet de satisfaire nos besoins d’objets souvent superflus, source de consolation devant le vide de nos existences privées de rituels et de repères, comment nous sommes conditionnés à travailler plus pour consommer plus. Il aborde aussi l’organisation des entreprises qui sont passées du paternalisme au maternalisme et comment la société s’évertue à nous insécuriser, faisant de nous des êtres anxieux et boulimiques de la consommation. En fin de volume, il donne quelques pistes de solution dont entre autres le revenu minimal pour tous et un revenu maximal au-delà duquel la redistribution entre en jeu. Heureusement, il existe de plus en plus de groupes de résistance à cette folie de consommation et il nous en présente quelques-uns.

Au début, monsieur Ariès brosse un bien sombre tableau car il fait ressortir tous les inconvénients de notre société moderne en occultant tous ses bienfaits. Il parle évidemment de pollution, d’inégalités sociales, de l’accaparement des richesses par un petit groupe de privilégiés au détriment de la majorité de la population moins instruite et plus vulnérable, du mécontentement engendré par la publicité qui nous fait miroiter une vie de luxe qui ne se compare pas à notre vie réelle sordide et étriquée et nous donne une image de nous-mêmes négative. Mais heureusement, il adopte vers la fin un ton plus optimiste sur ce que sera l’avenir de l’humanité.

Bien que les thèmes abordés soient archi-connus et médiatisés, j’ai appris quelques trucs dont entre autres le fait que nous possédons en moyenne dix mille objets alors qu’avant, on en retrouvait dans les foyers environ trois cent et puis, cela fait toujours du bien de lire ce genre d’ouvrage pour garder notre conscience en alerte et essayer de trouver des solutions au gaspillage et au magasinage compulsif dont je suis, je l’avoue, une adepte de plus en plus repentante.

« C’est parce que les humains sont en perpétuelle dette les uns envers les autres qu’une société peut fonctionner. Je t’offre, tu acceptes, tu rends, je t’offre à nouveau et ainsi de suite… À la différence, la logique marchande ferme l’échange : je veux une baguette, je donne un euro et je ne dois plus rien à personne ! Ce n’est donc pas par utopie ou par gentillesse qu’il faut préférer la gratuité au marchand, mais parce que la gratuité reste la meilleure fabrique de l’humain, c’est-à-dire des liens sociaux. »