Le fils du serpent : Vie et mort du banquier Stern
de Airy Routier

critiqué par CC.RIDER, le 13 août 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Plongée dans un monde très secret
Il avait tout pour réussir sa vie, le jeune, riche et beau banquier juif Edouard Stern. Il était héritier de la plus ancienne banque privée française, il avait épousé une femme qui l'apparentait à la famille Lazard et il avait réussi de magnifiques « coups » financiers qui avaient fait de lui une des plus grosses fortunes. Jusqu'au jour où son caractère difficile, ses moeurs de pirate des affaires et son avidité naturelle ont commencé à lui fermer certaines portes, l'obligeant à une descente vers des opérations de plus en plus hasardeuses et des coopérations avec des partenaires de plus en plus louches. Cette fuite en avant se terminant par son exécution de quatre balles, le corps ligoté et revêtu d'une combinaison de latex. Bien des doutes et des interrogations subsistent au sujet de la coupable, Cécile Brossard, sa maîtresse, ex escort-girl pratiquant le sado-masochisme et qui avait reçu 1 million de dollars du sulfureux financier...
Une enquête journalistique passionnante qui plonge le lecteur dans le monde interlope de la très haute finance. Pour faire beaucoup d'argent en très peu de temps, tous les coups, même les plus tordus sont permis. Stern se retrouva mêlé à bon nombre d'affaires qui défrayèrent la chronique. Il fonctionna par OPA, rachats, coups de bourse, sociétés écrans, paradis fiscaux et même blanchiment d'argent sale (oligarques et mafias russes). Il s'enrichit énormément avant de perdre la main. L'auteur a poussé l'investigation jusque dans ses moindres détails, ne négligeant aucun des aspects de la personnalité torturée de Stern. Le lecteur découvrira qu'il fréquenta des hommes politiques de très haut niveau (DSK, Fabius ou Sarkozy) et s'acoquina avec des pointures comme Alain Minc qui lui permit de réaliser quelques beaux coups mais lui fit perdre également pas mal d'argent. Mais comme toujours dans ce genre d'ouvrage, on reste un peu sur sa faim : l'auteur n'est pas clair sur les véritables commanditaires du meurtre et jette un voile aussi discret que pudique en refusant de nommer les « partenaires » (appartenant tous aux hautes sphères de la politique, du spectacle ou des médias) des parties fines du sinistre couple pasolinien. Ouvrage très intéressant ne serait-ce que pour la découverte d'un milieu très secret.