Un couple si charmant...

Sophie et Julien, auteurs de romans « à l’eau de rose », séquestrent et torturent des personnes dans leur cave. Dans les premières lignes du livre, Sophie demande à son compagnon de s'occuper d’une certaine Muriel. Plus loin, le lecteur comprend qu’il s’agit d’un personnage de leur dernier roman ! Ensuite, le couple descend à la cave avec une écuelle pour donner à manger des restes de nourriture à Louis, un individu enlevé dont le couple a coupé les mains. Sophie et Julien lui annoncent que le lendemain ce sera les pieds. Là, ce n’est plus de la fiction ! Ils brûlent les yeux de Louis au fer blanc (cela rappelle Michel Strogoff à Sophie). Ils lui crèvent aussi les tympans et lui coupent la langue ainsi que les cordes vocales tout en lui prodiguant des soins pour le maintenir en vie ! Enfin, ils abandonnent le tronc humain toujours vivant dans un endroit déterminé à l’avance et préviennent sous couvert d'anonymat un journaliste pour qu’il découvre Louis et rédige un article.

Pour la deuxième « mise en scène », Julien déterre de ses parterres un ancien cadavre putréfié. Dans son atelier, il coupe les extrémités des membres. Puis, il va chercher les mains et les pieds tout frais de Louis au congélateur. Avec l’aide de Sophie, il les fixe au corps attaqué par les vers du cadavre déterré. Touche personnelle : le couple met les mains à la place des pieds et les pieds à la place des mains. Ils enlèvent les globes oculaires et les remplacent par des balles de ping-pong. Une nouvelle fois, ils abandonnent le corps et appellent le même journaliste que la fois précédente.

Les atrocités se succèdent, de plus en plus délirantes. A un moment, Julien et Sophie transforment une femme en voiture. Ils percent les chevilles et les paumes des mains avec un essieu pour fixer les roues. Ils collent un siège sur le dos. Un volant au bout d’un pieu planté dans le bas du dos disloque les vertèbres de la pauvre femme. Pour parfaire leur œuvre, le couple peint la victime en rouge (ça fait voiture de sport) et pose une peluche au volant. Enfin, ils enfoncent des phares de bicyclette à la place des yeux et insèrent la carte d’identité de la femme dans ses fesses en guise de plaque minéralogique.

Pourquoi ces jeunes gens aisés, attentionnés et apparemment inoffensifs (madame secoue la nappe dehors pour donner les miettes aux oiseaux pendant que monsieur fait la vaisselle avant une partie de Scrabble) accomplissent-ils de tels actes ?

Sur un thème proche des premiers romans Gore signés Eric Verteuil (pseudonyme), les auteurs nous livrent un roman à l’écriture un peu mieux maitrisée.

Cependant, par rapport à ce que propose la collection Gore, l’histoire manque d’originalité et d’ambition. Mais surtout, avec l'explication finale, sur fond d’espionnage et de sabotage d’une fusée (??), les auteurs sombrent dans le ridicule.

Finalement, c’est un Gore plutôt médiocre. Par contre, les dernières lignes du roman sont drôles : « -Alors si nous écrivions un roman d’horreur ? proposa Sylvie. -Ah non ! -Pourquoi ? -Tu sais bien que je déteste le sang ! ».

La couverture de l’illustrateur Topor est ratée comme d’habitude. Heureusement, plus que quelques numéros avant le retour de Dugévoy.

A noter que le titre du livre est une variation d’ « A la recherche du temps perdu » de Proust.

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  A la recherche des corps perdus [Texte imprimé] Eric Verteuil

  de Verteuil, Éric
  Fleuve noir / Collection Gore
  ISBN : 9782265039841 ; 9,39 € ; 01/11/1988 ; 153 p. p. ; Broché

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