Jérôme Lindon de Jean Echenoz

Jérôme Lindon de Jean Echenoz

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Kinbote, le 19 juin 2002 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 152ème position).
Visites : 4 943  (depuis Novembre 2007)

L'éditeur en titre

Jean Echenoz doit beaucoup à Jérôme Lindon. Il n’est pas le seul : Beckett, Robbe-Grillet, Duras, Claude Simon, et une multitude d'autres écrivains tels que Koltès, Toussaint, Gailly, Oster, lui sont redevables d'avoir dirigé pendant des décennies les fameuses éditions de Minuit. On se dit qu’on va lire un hommage appuyé du grand éditeur et découvreur qu'il fut sans nul doute et on se surprend à lire ce petit livre à la façon d’un récit, celui des rapports, parfois difficiles, d’un écrivain (Echenoz dit ne pas aimer ce mot) avec son éditeur. Echenoz fait de Lindon un personnage, forcément attachant (comme Jean-Philippe Toussaint avoue l’avoir fait dans « Monsieur », voir « Le jour où j’ai rencontré Jérôme Lindon », texte inédit qu’on peut lire sur le site bon-à-tirer.com)..
Quelques extraits traitant de l'écriture:
« .le singulier, dit-il, quand c'est possible dans une phrase, c'est toujours mieux que le pluriel. Cette théorie, à ce jour, me paraît toujours juste. » « En règle générale, Jérôme Lindon déconseille les parutions en revue comme il déconseille les travaux en collaboration, déconseille les colloques, déconseille les commandes de cinéma ou de télévision, déconseille les voyages (il déteste spécialement les voyages), déconseille à peu près tout ce qui peut distraire de l'écriture, bref déconseille plus qu'il ne conseille. » « L’idéal avec le cinéma, dit-il avec un large sourire, c 'est qu’on puisse vendre les droits et qu’ensuite le film ne se fasse pas. »
Il arrive aux deux hommes de s'opposer sur la pertinence d'une virgule , le nec plus ultra de la discussion littéraire, « seule divergence esthétique de fond entre nous », note Echenoz.
« Jérôme Lindon est partisan, dès que possible, d'une scansion démonstrative de la phrase à l'aide de virgules, alors que je soutiens qu’il vaut mieux, tant qu'on peut, s’en passer, et que le rythme interne de la phrase doit pouvoir se soutenir tout seul sans qu'on y ait recours. »
Au détour d'une formule pudique, Echenoz nous apprend qu’il a donné à son fils le prénom de son éditeur.
« A partir de ce jour-là je me permets de l'appeler Jérôme. Jusque-là, il n'y avait que mon fils que j’appelais comme ça. »
Voilà, grâce à un de ses meilleurs auteurs, l’éditeur est entré dans le catalogue de titres de sa propre maison. Le plus bel hommage qu’on pouvait lui rendre !

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Hommage en 64 pages !

5 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 19 février 2019

L’auteur rend hommage à son éditeur dans un ouvrage qui n’est ni un roman, ni une nouvelle, ni même une biographie.

Jean Echenoz se limite à la période où il a connu le personnage qui lui a donné sa chance et auquel il est resté fidèle. Il est vrai que les formats proposés par l’auteur sont souvent hors standard et son style littéraire, malgré un Goncourt, assez singulier.

Rien donc de particulier à noter. Comme tous les patrons, Jérôme Lindon avait ses manies, ses qualités et ses défauts. Celui qui a dirigé « Les Editions de Minuit » pendant plus de 50 ans a certes marqué son époque en soutenant un certain style littéraire, non pas moins accessible mais sans doute moins commercial.

On est tout de même face à un très petit ouvrage dont le caractère indispensable n’est pas démontré et qui n’a sans doute pas eu de souci à se faire éditer aux Editions de Minuit.

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