Mère Russie
de Robert Littell

critiqué par Tanneguy, le 2 août 2011
(Paris - 84 ans)


La note:  étoiles
Une histoire russe déjantée (mais peut-être pas tant que ça !)
Robert Littell a écrit ce roman dans les années 1970, et les éditions Points ont eu la bonne idée de le rééditer en 2011. A l'époque l'URSS était dans l'ère glaciaire brejnevienne et Littell correspondant de Newsweek à Moscou. L'auteur met en scène des personnages pour le moins originaux, en particulier le dénommé "Robespierre Pravdine" (certains de ses interlocuteurs s'étonnent du prénom car, pour eux, la France était un pays capitaliste...). Celui-ci a pour métier "débrouillard" et toute la première partie de l'ouvrage nous permet de le suivre dans les méandres de l'Administration, ou plutôt des Administrations. Il fréquente de nombreux autres moskovites sortant de la norme telle qu'on peut l'imaginer en Occident. Citons "Mère Russie", qui donne son nom à l'ouvrage : elle a été déclarée folle, ce qui lui permet de dire n'importe quoi et elle ne s'en prive pas...En bref, beaucoup d'humour qui n'aurait sans doute guère plu aux autorités soviétiques de l'époque. Les choses se gâtent lorsque notre héros attire l'attention du KGB ; on sombre alors dans le cauchemar et l'humour disparaît.

L'auteur est américain et on est surpris de la façon dont il semble avoir pénétré l'âme russe. La différence avec les auteurs russes de l'époque ( Grossmann par exemple) c'est le style beaucoup plus adapté aux habitudes occidentales.

On y apprend beaucoup de choses, et même si tout n'est pas à prendre au pied de la lettre, cela permet d'entretenir une discussion avec les thuriféraires de ce régime qui survit malheureusement en Corée du Nord, à Cuba ou en Indochine.

Un bon moment de lecture !