La structure des révolutions scientifiques
de Thomas Samuel Kuhn

critiqué par Oburoni, le 26 juillet 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Paradigme, crise et révolutions scientifiques
L'histoire des sciences avant Thomas Kuhn était simple et simpliste : un savoir qui s'empile, s'accumule théories après théories qui se succèdent les unes les autres grâce à des découvertes isolées importantes, faites par des savants importants à des moments bien précis. Une vision traditionnelle, encore largement répandue mais que le philosophe fit pourtant voler en éclats dans "La structure des révolutions scientifiques", oeuvre phare parue en 1962.

En fait il distingue deux types de science -normale et extraordinaire- autour desquelles sa vision s'articule.

La science normale est familière : elle est l'observation de faits que différentes écoles tentent d'incorporer à différentes théories suivant différentes techniques bien précises. L'ensemble de ces écoles, bien qu'elles adhèrent aux mêmes postulats et à la même façon de faire (ce qu'il nomme un "paradigme") n'en sont pas moins en compétition pour expliquer les différents phénomènes observés et, puisqu'aucune n'est apte à le faire pour l'ensemble des dits phénomènes elles cohabitent donc, étant toutes aussi valables les unes que les autres (en physique par exemple, ou Newton côtoie Einstein...).

Toutefois il arrive parfois qu'un phénomène soit tellement inexplicable que, pour le comprendre, il faut une remise en cause profonde du paradigme existant. La science normale telle que pratiquée jusque là ne suffisant pas, la science extraordinaire prend donc le pas.
Toute l'attention de la communauté scientifique concernée se focalisant sur le phénomène en question, soit "l'anomalie" qui cause la crise est finalement incorporée à des théories existantes, soit un nouveau paradigme, capable de répondre aux défis qu'elle pose, se met en place (ainsi en astronomie, par exemple, où pour expliquer le mouvement des planètes le copernicisme n'a pu s'imposer que par l'abandon du géocentrisme).

Nouveau regard et nouvelle méthode (nouveau paradigme) : de telles révolutions scientifiques font bien plus que de changer la façon de travailler des savants, elles bouleversent aussi nos perspectives.

La science n'est donc pas une accumulation de savoir, des théories qui se succèdent à travers des découvertes isolées. Au contraire elle est plutôt, dans sa phase normale, une constante tentative de faire coller des faits à des théories en compétition les unes avec les autres, jusqu’à ce qu'un nouveau phénomène les défie, ne s'expliquant que par la mise à bas du paradigme existant pour un autre paradigme. La transition progressive de l'un à l'autre (la science extraordinaire) forme le coeur des révolutions en science, dont l'histoire est un schéma qui se reproduit encore et encore : le nouveau paradigme éclatant à son tour en de nouvelles écoles, de nouvelles théories qui se heurtent jusqu’à la prochaine crise, la prochaine révolution.

Une vision originale et majeure mais attention ! Il faut s'accrocher. Le style est lourd et répétitif. La lecture, difficile, demande un effort certain. De plus le fait qu'il s'appuie sur des exemples presque uniquement tirés de la physique et de la chimie n'aidera pas ceux qui, comme moi, ne connaissent pas grand chose ou rien à de tels sujets.

Pour une vue d'ensemble de l'histoire des sciences il s'agit en tout cas d'une bonne découverte.