Essai sur le principe de population
de Thomas Robert Malthus

critiqué par Millepages, le 16 juillet 2011
(Bruxelles - 64 ans)


La note:  étoiles
Essai polémique et influent
Le leitmotiv est que la population croît nettement plus vite que les progrès de la production agricole, ce qui fait peser une menace sur la survie même de l'humanité.

Malthus croit en un modèle mathématique pour illustrer cela : la population de nos régions d'Europe serait appelée à doubler tous les 25 ans, tandis que les moyens de subsistance ne progresseraient que de manière linéaire.

Heureusement, Malthus s'est un petit peu emmêlé dans ses prévisions, sinon la population anglaise qui était de 11 millions d'âme à son époque se compterait aujourd'hui en....milliards.

Reste le principe qu'une population augmentant à l'infini posera un jour le problème de la nutrition de tout ce beau monde, entraînant des conflits, des guerres, des famines, des épidémies. On pourrait ajouter aujourd'hui le danger environnemental.

Pour enrayer les effets néfastes de l'accroissement de population, Malthus propose des remèdes qui font officiellement scandale de nos jours comme le protectionnisme économique, mais surtout l'abrogation de l'aide aux pauvres. Selon lui, les bénéficiaires de cette aide ne seraient pas motivés à cultiver les vertus de l'ordre et de la frugalité.

L'auteur prône aussi la chasteté avant le mariage, toujours pour éviter une procréation galopante, et considère que l'éthique morale commande aux hommes de ne pas contracter mariage avant d'avoir acquis la certitude de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Et de décliner cette obsession à longueur d'essai.
Notons au passage que, d'origine aisée, Malthus avait 3 enfants.

Ce n'est donc point tant la pauvreté que l'auteur tente d'éradiquer, mais les pauvres eux-mêmes....Ceci dit, certaines politiques ultra-libérales, mises en place notamment dans le pays même de Malthus, ne sont pas très éloignées de ses thèses. Remember Margaret !

Au total, un ouvrage qui pose certaines bonnes questions, qui a influencé certains économistes, tout comme Darwin s'en est inspiré pour ses thèses sur l'adaptation des espèces (finalement, l'évolution de l'espèce humaine ne s'adapte-t-elle pas aux ressources que son milieu est capable d'offrir ?). Mais il va sans dire que les solutions prônées ne figureraient officiellement plus dans le programme d'aucun parti politique.