Venise est une fête de Alberto Garlini

Venise est une fête de Alberto Garlini
(Le cose che conosco)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par DomPerro, le 13 juillet 2011 (Inscrit le 4 juillet 2006, - ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 2 769 

Lire Venise et mourir

Il y a les personnages : Roberto, ancien étudiant devenu militaire, Maria, jeune femme d’une beauté folle, Ernest Hemingway, l’écrivain américain, et surtout Venise avec sa basilique Saint-Marc, son Grand Canal, son campanile, ses églises et ses ponts.

''Tandis que le marché s’éveille, le soleil réapparaît. Il resplendissait également sur le pont et, mystérieusement, derrière l’abside, mais il fallait agir, impossible alors d’en profiter. À présent que le danger a disparu, ses rayons se posent sur les étalages qui doivent encore être préparés, sur les caisses de charcuterie et des légumes, sur les mains rougies de froid. Les vieux papiers s’envolent et, en volant, se colorent de lumière, puis ils retombent au sol et on les piétine. Roberto écoute les cris des vendeurs se mêler, l’accent de Vénétie aisément reconnaissable, une mélodie à la fois douce et gutturale qui peut paraître stupide, sont-t-il, mais qui a la richesse d’une comédie de Goldini.''

Leurs histoires se croiseront, avec chaque chapitre consacré à un personnage, selon l’évolution du roman qui s’ouvre lentement avec des descriptions suaves des marchés ou des palais de cette ville labyrinthe pour se terminer graduellement en une poursuite policière. Mais cette aventure rocambolesque débute sous le signe d’une douce sensualité avec la rencontre entre Roberto et Maria qui est : ''En montant les cinq marches du petit pont, Roberto (...) aperçoit une belle jeune fille qui avance, seule et en riant, depuis l'extrémité pavée de pierres. Elle est belle, aussi belle que l'air serein, et vêtue pauvrement mais avec élégance. Le vent agite ses jupes, tandis qu'elle progresse majestueusement sur ses longues jambes vénitiennes, dans la joie de son jeune âge. Lorsqu'elle le remarque, elle lui lance un regard coquet et un grand sourire. (...) Roberto lui répond en lui adressant à son tour son meilleur sourire, le légèrement timide et blanc comme des draps qui sèchent.''

Leurs dialogues, grâce à l’éblouissante plume de Garlini, se dégustent comme des bonbons, par exemple : ''Sa folie est si domestique qu’elle aimerait la voir éclore entre les quatre murs d’une habitude privée.'' Aussi, plus loin : ''Elle tire sa jupe sur ses cuisses et chaque pli s’efface, comme le péché après la confession.''

Car Garlini est aussi poète et critique littéraire, et comme sa dette envers Hemingway est grande, au-delà de cette lecture touristique, se cache une forme d’essai sur la littérature avec les nombreuses références à l’œuvre d’Hemingway, à commencer par le titre lui-même, clin d’œil à Paris est une fête, mais aussi à Au-delà du fleuve et sous les arbres dont l’action se situe également dans le Venise de 1950, comme dans Venise est une fête et, surtout, à la présence de Roberto et Maria, tous deux sortis de Pour qui sonne le glas.

Gros coup de cœur 2010 malgré le fait que, je dois l'avouer, je ne sois pas un grand lecteur d'Hemingway.

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Venise est une fête

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Venise est une fête".