Les secrets de l'école d'autrefois : Savoir lire, écrire, compter
de Michel Jeury

critiqué par CC.RIDER, le 9 juillet 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Lire, écrire et compter
Dans ce livre très technique et très documenté (l'auteur présente et étudie un très grand nombre d'ouvrages et de manuels scolaires sur une période allant des années Jules Ferry jusqu'à la moitié du siècle précédent), lecteur partira à la découverte (pour les plus jeunes) ou à la redécouverte (pour les plus anciens) des méthodes, techniques et trucs utilisés par les maîtres d'autrefois. La part belle y est donnée en lecture à la méthode syllabique (Boscher), à la lecture à haute voix, à la récitation de fables ou poésies apprises par coeur, à l'apprentissage systématique des conjugaisons sans oublier la sacro-sainte dictée, pratiques oubliées voire totalement décriées aujourd'hui. Les chapitres sur l'apprentissage de la langue occupent les ¾ du livre alors que les mathématiques, en fait l'arithmétique (avec ses fameux problèmes de trains qui se croisent ou de bassines qui se remplissent) semblent ne bénéficier que de la portion congrue. Apprentissage systématique des tables de multiplication, maîtrise des quatre opérations, des fractions, des volumes, des règles de trois, calcul mental vérifié à l'ardoise selon la célèbre méthode La Martinière, tout concourrait à réaliser l'idéal de cette école de grand-papa : la promotion des couches populaires par le biais de la langue, des maths et des sciences. Ancien enseignant lui-même, déjà auteur de plusieurs autres livres sur l'école d'autrefois (L'année du Certif', Les grandes filles, La petite école dans la montagne, Petite histoire de la morale), Michel Jeury en ne se présentant pas comme un nostalgique d'un enseignement idéalisé, en n'en niant pas les difficultés (absentéisme dû aux travaux des champs, poids des archaïsmes, etc...) et en relativisant les succès, son jugement modéré n'en demeure pas moins sévère sur les dérives modernistes du système éducatif. En effet, l'école d'autrefois était « minutieuse, rigoureuse, systématique », dit-il « elle voulait conduire l'élève à un savoir ordonné et lié qui débouchait naturellement sur le savoir-faire, son but final. Pas le savoir faire de l'ouvrier à la chaîne, mais celui de l'artisan qui maîtrise son oeuvre d'un bout à l'autre. » Et in cauda venenum, ce jugement sur la réalité d'aujourd'hui : « Pour l'école primaire, jeter des quasi-illettrés dans le premier cycle du secondaire est une maladresse, un contresens. Tout le monde en convient. Fournir des contingents d'élèves défaillants en mathématiques, ou au mieux médiocres, c'est à dire à moitié impotents, n'est pas, non plus, une peccadille sur laquelle on peut passer l'éponge par charité. »
A ma connaissance, le meilleur livre sur ce sujet très particulier.