Traité de l'efficacité
de François Jullien

critiqué par Isad, le 26 juin 2011
( - - ans)


La note:  étoiles
Savoir utiliser la potentialité des situations
Ce livre tente d’expliquer la façon de penser occidentale et chinoise.

En occident, nous fixons un but et nous agissons ensuite pour le réaliser.
On apprend au sage chinois à concentrer son attention sur le cours des choses, tel qu'il s'y trouve engagé, pour en déceler la cohérence et profiter de leur évolution. Il ménage à l'adversaire une échappatoire pour qu'il ne soit pas conduit à déployer toute sa combativité s'il n'a plus d'issue. Il lui évite ainsi de « perdre la face ». Pour ce faire, il exploite la potentialité des circonstances qui se présentent à lui et s'adapte constamment.

Il s’agit de savoir tirer parti des faits et de les laisser jouer en sa faveur, sans ostentation pour ne pas attirer l’attention. Il faut savoir prendre son temps et exploiter les occasions lorsqu’elle se présentent.
C’est ainsi que l’efficacité n’est pas conçue à partir d’une action, mais repose sur une transformation. Il ne s’agit pas de chercher à persuader l'autre, mais à le conduire, par avance, à adhérer. Ainsi, le sage (ou le stratège) vainc sans que personne s'en rende compte. Il éclaire la voie à suivre mais ne se met pas en avant ni ne clame sa victoire.

La lecture est assez exigeante car très dense et demande de l’attention. On en ressort transformé en se disant que cette façon de vivre les choses est plus douce (plus insidieuse aussi) et moins destructrice. C’est aussi une belle leçon d’humilité et de savoir-vivre ensemble de façon harmonieuse.

« Les chinois croient à l'immanence de la transformation : on ne se voit pas vieillir, on ne voit pas la rivière creuser son lit, et pourtant c'est à ce déroulement imperceptible qu'on doit la réalité du paysage et de la vie » (p. 80).

IF-1209-3502