Les Entretiens de Confucius de Confucius

Les Entretiens de Confucius de Confucius
(Lunyu)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique , Sciences humaines et exactes => Philosophie

Critiqué par Montréalaise, le 9 mars 2012 (Inscrite le 7 août 2010, 30 ans)
La note : 8 étoiles
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L'ouvrage de référence sur la sagesse confucéenne

Les « Entretiens de Confucius » sont une compilation de courts dialogues entre le grand Maître chinois (-551 à -479) et ses disciples, compilation rédigée par ces derniers durant la période des « Printemps et Automnes » (celle de Confucius, contemporaine de la Grèce des Présocratiques) jusqu'à celle des Royaumes Combattants (la Grèce de Socrate, Platon et Aristote). Ces deux périodes se caractérisent par la décadence et la fragmentation du pouvoir central des Zhou et le cynisme politique du peuple qui souffre des incessantes querelles de pouvoir entre les nombreux clans familiaux.

C'est dans cette optique que nombre de grands penseurs réfléchiront à la meilleure manière de résoudre ces graves problèmes ayant mené à l'instabilité du royaume de Chine. Certains, comme Han Fei Zi, fondateur du légisme, considèrent que pour garantir la stabilité et la puissance, le souverain doit imposer la loi et l'ordre et se montrer, au besoin, sévère et brutal envers le peuple (équivalent d'un réalisme pur et dur dont le premier empereur, Qin Shi Huangdi, en fera sa doctrine).

D'autres, comme Lao-tseu, fondateur du taoïsme, refuseront de s'engager en politique et préfèreront promouvoir une éthique individuelle en vivant au milieu de la nature, loin de la société corruptrice (équivalent de la morale des cyniques ou des épicuriens, elle sera populaire chez le bas peuple, les poètes et les anti-conformistes).

Finalement, une petite poignée de penseurs, dont Confucius sera le maître, rejetteront les deux précédentes et vont promouvoir une doctrine qui sera au début ignorée mais qui, depuis l'arrivée de la dynastie Han jusqu'à la création de la République de Chine, deviendra la doctrine suprême officielle, à un point tel que pour sélectionner les magistrats compétents, il fallait passer des examens impériaux basés sur l'apprentissage des Cinq Grand Classiques et des Quatre Livres (dont la totalité fut compilée soit par Confucius, soit par ses disciples). Encore aujourd'hui, la morale confucéenne est profondément ancrée dans la culture chinoise (mais aussi chez les autres peuples d'Extrême-Orient, comme la Corée, le Japon et le Vietnam).

Mais qu'est-ce donc que cette morale confucéenne? Il faut se rappeler que les multiples interprétations des « Entretiens » dans l'Histoire n'ont pas toujours rendu justice à l'enseignement original de son Maître qu'on a souvent taxé de promouvoir le conformisme socio-politique. Ce n'est pas non plus en se référant à sa version orthodoxe, ce « légisme déguisé en confucianisme » (qui a d'ailleurs servi de prétextes à bon nombre de dirigeants pour justifier la répression politique et intellectuelle) que nous pouvons saisir le caractère essentiel de sa sagesse.

D'abord, Confucius rejette totalement l'exercice brutal et autoritaire du pouvoir. Pour être un « homme de bien », le souverain doit d'abord apprendre à « étudier » (là est le premier mot de l'ouvrage), c'est-à-dire apprendre constamment les préceptes de vie, les appliquer et se corriger, se remettre en question quand cela est nécessaire. Il doit traiter son peuple avec respect, comme un fils doit vouer le respect à ses parents, s'il veut obtenir obéissance et fidélité à son peuple (la piété filiale est une valeur fondamentale pour Confucius). L'éducation doit être « LA » priorité pour chaque gouvernement car c'est elle qui rendra une société stable et juste.

Aussi, chacun doit respecter son statut dans la hiérarchie, ce qui ne veut pas nécessairement dire un conformisme aveugle! Ce que veut dire Confucius, c'est que dans l'organisation du pouvoir, chacun doit remplir la fonction que lui assigne le souverain et ne pas chercher à profiter de son poste pour obtenir plus de pouvoir au détriment de l'intérêt général. L'homme de bien doit donc être fidèle à sa parole, sinon il n'est pas vertueux. Il doit aussi faire preuve de modération et de prudence quand il pratique ses préceptes. Dans cette optique, Confucius propose trois valeurs essentielles pour accéder à la Voie : le « ren », c'est-à-dire, la piété filiale et la loyauté, la sagesse et finalement, la bravoure.

On s'aperçoit qu'en réalité, le confucianisme est un humanisme, que pour son fondateur, l'éthique est indissociable de la politique (tout comme chez Aristote) et que tout citoyen vertueux doit absolument participer à la vie publique. Néanmoins, Confucius ne prétend pas tout savoir et déclare qu'il ne fait que transmettre la sagesse des Anciens, ce qui lui a valu le surnom de « Socrate chinois ». Mais n'est-ce donc pas l'image même de « l'homme de bien » qu'il recherche constamment sans succès?

Les « Entretiens », composés de 20 mini-chapitres, sont très brefs, très simples à lire et résument très bien la pensée de Confucius, quoiqu'ils peuvent être très redondants et répétitifs puisqu'ils ne sont qu'une compilation réalisée après la mort du Maître. Malgré cela, ils transmettent une philosophie éthique et politique d'une grande sagesse que nos dirigeants actuels ne cessent de bafouer pour servir leurs propres intérêts.

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Les éditions

  • Les Entretiens de Confucius [Texte imprimé] trad. du chinois, introd., et notes par Pierre Ryckmans
    de Confucius, Ryckmans, Pierre (Editeur scientifique)
    Gallimard / Folio. 2 euros
    ISBN : 9782070305315 ; 2,97 € ; 06/01/2005 ; 139 p. ; Poche
  • Les entretiens de Confucius
    de Levi, Jean (Traducteur)
    Albin Michel
    ISBN : 9782226376374 ; EUR 7,99 ; 30/12/2015 ; 288 p. ; Format Kindle
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