Un mariage à Lyon
de Stefan Zweig

critiqué par Zagreus, le 22 juin 2011
( - 40 ans)


La note:  étoiles
Sacrifiés sur l'autel de l'Histoire
Ce recueil réunit sept nouvelles publiées à des époques différentes (la plus vieille date de 1901, la plus récente de 1929). Bien que posthume, il est assez judicieusement composé.
Quatre de ces nouvelles en effet ont pour thème la guerre : celle, éternelle, que se livrent les Hommes depuis la nuit des temps dans « La Légende de la troisième colombe » et qui condamne la dernière colombe lancée par Noé depuis son arche à errer à la recherche de la Paix… Celle, absurde et cruelle, qui fait rage en Espagne en 1810 à cause de Napoléon dans « La croix » où un colonel français, malgré son subterfuge pour survivre, subit l’ironie du sort… Celle de 14-18, dramatique, dans « Au bord du lac Léman » qui empêche à jamais un jeune soldat russe, naufragé croyant avoir traversé le lac Baïkal, et repêché in extremis en Suisse, de revoir les siens en Sibérie ou dans « La contrainte » qui voit un Allemand, appelé au front, faire demi-tour au poste frontière quand il aperçoit des prisonniers français atrocement mutilés…
Deux autres nouvelles se situent aussi dans un contexte de violence. La Terreur, en 1793, pour « Un mariage à Lyon », pendant laquelle une jeune fille retrouve son fiancé prisonnier dans les caves de la Mairie où un prêtre réfractaire accepte de les marier. Le Moyen Âge, au XIV° siècle en Allemagne, de « Dans la neige » lorsque les flagellants, fanatiques assoiffés de sang, pourchassent les Juifs contraints de fuir le ghetto…
Enfin « Histoire d'une déchéance », qui ouvre le livre, se démarque par son ampleur et la fine description que fait Zweig d’une femme, la marquise de Prie, jadis la plus puissante de la Cour, condamnée par Louis XV, suite à la disgrâce de son amant, premier ministre, à l’exil dans son château de Courbe-Epine en Normandie. Le portrait terrible d’une grande dame, imbue d’elle-même, qui ne vivait que par le regard des autres et qui se retrouve, du jour au lendemain, abandonnée de tous et acculée à la dernière extrémité pour espérer redorer un peu de sa gloire passée... Hélas pour elle, « L'Histoire ne tolère aucun intrus, elle choisit elle-même ses héros et rejette sans pitié les êtres qu'elle n'a pas élus, si grande soit la peine qu'ils se sont donnée. »

Chacune de ces nouvelles parle du destin façonné par des circonstances tragiques. Zweig, déjà pessimiste sur la marche de l’Histoire, prémonitoire quant au proche avenir du peuple Juif, fait montre encore une fois d’un immense talent de conteur. D’une grande sensibilité pacifiste face à la barbarie humaine, il célèbre la liberté « délivrée de la confusion des mots et de la loi des hommes»  car « on peut se sacrifier pour ses propres idées, mais pas pour la folie des autres.»
Ennuyeux 6 étoiles

Rare avis négatif à propos de nouvelles de Zweig mais ce recueil-ci n'a vraiment pas été enthousiasmant voire lassant.

Provisette1 - - 11 ans - 27 octobre 2015


Sombre... 7 étoiles

Les nouvelles que contient ce recueil sont très sombres, à ce point que, pour certaines, j'ai eu beaucoup de mal à les terminer. L'écriture de Stefan Zweig retranscrit parfaitement ce qui fut, en ces temps, la guerre, la peur, la menace...
J'ai préféré "La légende de la troisième colombe", très courte mais pleine de poésie, ainsi que "Un mariage à Lyon", histoire où se retrouvent deux fiancés qui pourront s'unir enfin...
"Histoire d'une déchéance" frappe par ce triste destin, et rappelle nombre de Grandes Dames qui se trouvèrent, hélas, abandonnées après avoir mené grand train et, le temps passant, ayant perdu leur beauté.

Ce recueil de Stefan Zweig m'a moins plu que d'autres, mais il n'est pas inintéressant, ce sont les thèmes abordés qui m'ont certainement rebutée...

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 10 décembre 2013