Structure du langage poétique
de Jean Cohen

critiqué par Thomas Fors, le 30 mai 2002
(Beloeil - 88 ans)


La note:  étoiles
Quel travail de recherche !
Le livre ne date pas d'aujourd'hui, mais c'est également une reférence de choix, pour un chacun qui s'intéresse à la poésie, et à la littérature en général.
Le sujet est énorme, délicat. il est tellement difficile d'avance des critères pour distinguer ce qui est ou n'est point poésie (je ne dis pas poétique !)
La poésie est une forme spécifique du langage, et elle remplit une fonction également spécifique. Sa différence avec la prose n'est pas d'ordre sonore (quoiqu'il existe des poèmes uniquement basés sur la recherche des sonorités), ni idéologique. Tout se passe au niveau sémantique (avec l'emploi éventuel des figures) et au niveau phonique, pour qu'il puisse y avoir "vers" (versus ?).
Cependant, à mon point de vue, ce qui caractérise surtout la poésie, c'est qu'elle présente un ECART par rapport aux normes en usage dans la prose habituelle, vulgaire, au bon sens du terme.
Car il ne suffit pas d'aligner correctement des vers réguliers ou autres, de respecter des règles (dépassées ?) de la versification classique, pour parvenir à produire pour autant de la bonne poésie. De même, il ne suffit pas de proposer des "écarts" pour faire de la poésie.
La chose est anamlyse avec le plus grand soin par Jean COHEN.
Dans le "problème poétique", il introduit la source de l'intraductibilité poétique ; il aborde la différence d" la "forme du sens" au travers de nombreux exemples empruntés aux poètes reconnus.
Au niveau phonique, il étudie les différences entre Apollinaire, Ronsard, Mallarmé,...Chez les classiques, c'est la réduction au minimum de la discordance du son et du sens qui est privilégiée ; par contre, l'histoire de la poésie française montre une nette évolution vers l'agrammaticalisme. Il suffit de lire deux d'Aragon pour s'en convaincre :
"Je crierai Je crierai Mes yeux que j'aime où êtes- Vous Où es-tu mon alouette ma mouette,"
Le vers deviendra l'antiphrase.
Et Verlaine "De la musique avant toute chose" pour ouvrir un autre débat...
George LOTTE mettra en évidence le fait que "le syllabisme est un leurre".
Et Jean COHEN étudie aussi les rythmes...le niveau sémantique, la prédication...etc.
Sans oublier, bien entendu, la fonction poétique...
Du pain sur la planche à lire ! A relire ! A méditer.
Aussi.
Une référence 10 étoiles

Je renvoie le lecteur intéressé par la poésie à ce livre de référence

MOPP - - 87 ans - 10 mai 2005