Almost Like a Whale
de Steve Jones

critiqué par Oburoni, le 18 juin 2011
(Waltham Cross - 41 ans)


La note:  étoiles
Le fantôme de Darwin
"Almost like a whale" (="presque comme une baleine") est un titre qui fait un clin d'oeil à un exemple utilisé par Darwin dans "L'Origine des Espèces" pour illustrer sa théorie : l'idée que des ours, soumis à certaines conditions et suivant les lois de la sélection naturelle, pourraient évoluer pour aboutir à une espèce "presque comme une baleine". L'idée, on le comprend, lui valu pas mal de sarcasmes et pourtant ! On sait maintenant que sa théorie n'en est est plus une : elle est un fait. Un fait sur lequel Steve Jones rebondit ici pour nous livrer sa version de "L'Origine des Espèces", une version soi-disant mise-à-jour ("updated").

Soi-disant parce que, entre les attentes qu'il suscite et le but réel de l'auteur la déception est grande. Je m'attendais, au moins, à un retour sur les erreurs professées par Darwin pour les corriger à la lueur des récents progrès. Une mise au point, en somme, pour remédier aux failles du Maitre. Il n'en est rien : il s'agit en fait d'une ré-écriture de l'oeuvre pour la moderniser. Les arguments de Darwin sont répétés, illustrés par des exemples plus récents et appuyés par la génétique. Steve Jones ose d'ailleurs ajouter un chapitre dédié a l'évolution humaine, ce que Darwin n'avait pas fait dans "L'Origine des Espèces" mais dans un livre ultérieur -"La Filiation de l'homme".

Originale (encore que...) la démarche, qui consiste donc à marcher dans les pas d'un autre auteur juste pour le compléter, est toutefois assez casse-gueule. Reprenant le plan et des pages entières de "L'Origine des Espèces" on a en fait l'impression de lire un copié-collé entre deux styles complètement différents, par deux auteurs qui n'ont pas grand-chose en commun. Imaginez Darwin tentant de vous expliquer sa théorie avec Steve Jones lui coupant constamment la parole...

Alors, si on surmonte la déception de départ et ignore les bizarreries (inévitables, peut-être) de la démarche que reste-t-il de cette modernisation ? Le livre, après tout, pourrait encore se lire comme une bonne introduction au sujet -du moins pour ceux qui ne voudraient pas se taper la lecture de l'original !

Il n'en est rien.

Le tout est trop simpliste pour apprendre grand-chose (d'autres livres introductifs sont plus intéressants et complets). Pire : le style de Steve Jones est lourd, peu engageant, confus parfois ce qui n'en rend franchement pas la lecture plaisante.

On s'en passe donc aisément.

A noter que le livre fut publié aux Etats-Unis sous un autre titre : "Darwin's ghost".