Dialogue sur le parvis, entre un évêque et un théologien
de Eugen Drewermann, Jacques Gaillot

critiqué par Shelton, le 1 juin 2011
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
A lire, indiscutablement !!!
Je l’avoue, j’ai quelques scrupules à vous proposer cet ouvrage en lecture… Pas pour des raisons théologiques ou ecclésiales – il s’agit de deux hommes rejetés chacun d’une façon différente par l’église officielle de Rome – mais tout simplement parce que chaque fois que l’on parle d’un de ces deux hommes, on plonge dans un regard médiatique simplificateur sans jamais écouter ce qu’ils disent. Or, ce que je souhaiterais, pour une fois, c’est que leurs paroles soient lues, entendues, avant que chacun puisse se faire une idée de la question… Quelle question ? Drewermann et Gaillot peuvent-ils nous apporter des éléments constructifs pour nos vies ? Oui, je refuse définitivement les débats autour de leur appartenance à l’église, au christianisme ou à je ne sais quelle école de pensée ou de psychanalyse. Cela ne nous concerne pas, tandis que nos vies…

L’ouvrage est composé de quatre parties toutes importantes qu’il faut savoir prendre le temps de lire. Tout commence avec une présentation générale de Jean-Pierre Bagot. Ce dernier est un prêtre qui a toujours pris ses responsabilités, qui a assumé son humanité sans se poser trop de questions et que j’ai rencontré plus d’une fois, ce qui me permet d’affirmer qu’en plus il cuisine bien, preuve d’un humanisme certain ! Il présente ces deux rebelles, ces deux voix qui osent parler aux hommes de leur réalité tout en donnant un Jésus accessible et profondément humain. Est-ce pour autant hérétique comme certains le clament en demandant la tête du théologien et/ou de l’évêque ?

Ce qui est pertinent, dans cette première partie, est le rappel d’une situation paradoxale que j’ai connue à l’époque puisque je suis un de ceux qui ont couvert deux des déplacements en France d’Eugen Drewermann : beaucoup de théologiens, de prêtres, de journalistes, le condamnaient, le commentaient et le conspuaient sans jamais l’avoir lu ! Etonnant, non ? A l’inverse, ceux qui avaient pris le temps de le lire, Jacques Gaillot en faisait partie, ne souhaitaient que le rencontrer pour mieux le comprendre, dans ses motivations et son fonctionnement. C’est pour cela que nous ne pouvions que voir, un jour, la rencontre des deux rebelles de l’église catholique…

Quand on rentre dans le contenu des trois rencontres entre les deux hommes, une chose saute aux yeux immédiatement : ces deux grandes âmes ne souhaitent qu’une seule chose, aller au contact des autres, soulager la misère humaine, redonner de l’espérance. Aucune volonté de convaincre, de convertir, de forcer, de condamner. Seulement, comme Jésus, leur modèle, aider l’humanité à vivre !

C’est vrai que l’on sort petit de cette lecture tant on est impressionné par la grandeur humaine de ces deux hommes. On est aussi surpris – le mot est petit – devant la bassesse des institutions qui les ont bafoués, rejetés, méprisés…

L’un est en retraite après avoir été titulaire de l’évêché de Partenia. Abandonné par ses frères évêques mais jamais par les fidèles désireux d’une église plus juste et humaine, plus soucieuse des pauvres et des exclus, il a montré un chemin périlleux mais certainement chrétien. Le second, théologien condamné par l’église catholique, « suspens a divinis » (http://fr.wikipedia.org/wiki/…, pour ceux qui ont besoin de savoir de quoi il s’agit) depuis 1991, continue d’être un thérapeute apprécié et vit sa foi jusqu’au bout dans la non-violence, dans le respect des autres et un engagement politique dans la gauche allemande…

Ce petit ouvrage, malheureusement introuvable aujourd’hui, du moins dans les librairies, permettra de mieux les comprendre et redonnera de l’espérance à ceux qui, parfois, désespèrent de cette église officielle…

Quelques phrases, glanées au fil des pages, pour vous donner le ton :

« Je crois en effet qu’on ne peut pas construire l’église du Christ sur le rejet, sur l’exclusion : elle se bâtit toujours dans le dialogue, la recherche commune, la collaboration, en se tournant vers l’avenir. » Jacques Gaillot

« … car nous ne faisions rien d’autre que ce que l’église de Jésus Christ est appelée à faire : se tourner vers les exclus. » Eugen Drewermann

A lire !!!