Quelle époque ! de Anthony Trollope

Quelle époque ! de Anthony Trollope
(The way we live now)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Alud, le 1 juin 2011 (Inscrite le 19 janvier 2009, 47 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 288ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Une merveille de cynisme victorien

Si l’obstacle du prix et du nombre de pages ne vous effraie pas, bien que 29 euros pour 807 pages, ne mette la page qu’à 3,5 centimes d’euro, ce qui est un prix tout à fait honnête pour un livre formidable qui passe « à la moulinette » la société victorienne, fondée sur le cynisme, le mensonge, l’affairisme et une certaine conscience de classe. Changez la chemise, la redingote, les basques ou le chapeau et vous lirez un roman reflétant parfaitement nos mœurs contemporaines ! L’écriture est fluide, le ton est ironique, l’histoire intéressante et l’étude des personnages particulièrement précise et juste. Gageons que si c’est votre premier Trollope, ce ne sera pas le dernier.
Et si, juste à côté, vous lisiez cette délicieuse Elisabeth Gaskell, madame George Eliot, le grand Thomas Hardy, pour ne pas citer cette chère tante Jane (Austen) que vous connaissez par cœur, bien évidement !

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Splendeurs et décadence de la City

10 étoiles

Critique de Pierrequiroule (Paris, Inscrite le 13 avril 2006, 43 ans) - 19 juin 2013

Augustus Melmotte, un financier véreux, est au coeur de la haute société londonienne des années 1870.
Autour de lui se nouent plusieurs intrigues: Lady Carbury parviendra-t-elle à se faire un nom dans les salons littéraires de la capitale? Son fils, Sir Félix, aura-t-il le cran d'enlever une héritière très convoitée? Hetta Carbury fera-t-elle un mariage d'amour ou suivra-t-elle sa raison en épousant son cousin Roger?
Toutes ces destinées sont liées avec une grande habileté, de sorte que le livre se dévore. Et puis on ne cesse de se demander si les escroqueries de Melmotte seront finalement démasquées.

La plupart des personnages de ce livre sont corrompus, égoïstes ou veules. Ils incarnent la décadence de l'Angleterre victorienne, dépeinte par un auteur vieillissant et désabusé. Au milieu de toute cette noirceur, quelque vertu subsiste sous les traits de Roger Carbury. Ce personnage d'âge mûr représente la véritable gentry anglaise, la noblesse de bonne souche détentrice de valeurs morales, par opposition aux parvenus dépravés. Ce squire est en quelque sorte le porte-voix de Trollope qui s'insurge contre les moeurs de son époque.

Bien que trop peu connu en France, ce roman réaliste est un chef d'oeuvre absolu, à l'égal d'un Balzac ou d'un Zola. La critique sociale s'y déploie avec une élégance toute victorienne. Trollope nous offre un voyage trépidant au coeur de la City: pénétrez avec lui dans les clubs enfumés de la capitale, suivez-le dans le monde sans pitié des finances, un monde où l'argent est roi et où triomphent -parfois- les coureurs de dot. On ressort de ce roman tout étourdi et durablement marqué par la dimension tragique de certains personnages...même si certains parviennent à trouver le bonheur.

L'adaptation proposée par la BBC - une série en 4 épisodes- est tout à fait exceptionnelle, avec David Suchet dans le rôle du grand Melmotte!

du victorien, du vrai!

10 étoiles

Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 75 ans) - 11 juin 2011

Qu'elle fait pâle figure, la littérature dite "victorienne", mise à la mode par Michel Faber et consorts, à côté des auteurs ayant réellement vécu cette époque. Parmi eux, Anthony Trollope mérite d'être (re)découvert par les lecteurs francophones. La remarquable traduction d'Alain Jumeau nous fait découvrir une oeuvre magistrale, le regard acéré d'un fonctionnaire de sa majesté sur la bourgeoisie et l'aristocratie d'un dix-neuvième siècle finissant. Le fonctionnement de la City, les mille et une combinaisons nécessaires à la création et à la transmission du patrimoine à une époque où le droit d'aînesse régnait encore en maître et où la femme, dès lors qu'elle était mariée, remettait la totalité de sa fortune entre les mains de son époux. Autres temps, autres moeurs, et pourtant le message reste bien actuel. L'ascension et la chute d'Augustus Melmotte, un aventurier de la finance à la moralité très "soluble", nous font penser à des personnages bien d'aujourd'hui: il n'hésite pas à contrefaire des signatures lorsque ses intérêts sont en jeu, et rachète pour un "shilling" symbolique, pour les revendre ensuite en pièces détachées et en tirer de grands bénéfices, des entreprises en difficulté. Non, vraiment, cela ne vous rappelle rien? Cherchez bien... Autour de ce chef de guerre de la City, gravitent nobles et roturiers, en quête de la fortune ou du pouvoir politique (le plus souvent les deux). Certes, on ne trouve pas le souffle d'un Zola ou d'un Victor Hugo dans ce portrait au vitriol de l'establishment britannique, mais le regard de l'auteur sur la société de son époque se veut le plus neutre et le plus crédible possible, ce qui en fait toute la modernité. A travers une galerie de personnages, masculins et féminins, dont on suit les péripéties financières et amoureuses sur une période relativement brève (quelques mois à peine), se dessine le passage d'un monde quasiment féodal vers le capitalisme féroce qui domine encore le monde aujourd'hui. L'argent est omniprésent, mais il n'est pas le seul ressort du récit, et l'on espère que les personnages auxquels on s'est le plus attachés vont enfin trouver le bonheur. La réponse est oui, mais lisez donc "Quelle époque!", et régalez-vous...

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  Trollope : "Quelle époque" 12 Aria 19 juin 2013 @ 16:20

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