critiqué par Saule, le 13 mai 2002
(Bruxelles - 58 ans)

La note: étoiles

Truculent !

Serguei Dovlatov, un écrivain russe juif, émigre aux USA avec pour seul bagage une valise. Cette seule valise suffit en fait à contenir les maigres possessions de l'auteur, qui il est vrai avait d'autre visée dans sa vie en ex-URSS que la réussite bassement matérielle. La valise est remplie d'objets hétéroclites, objets qui n'ont d'autre valeur que celle, sentimentale, que leur confère leur histoire. Le contenu est à l'image de l'auteur qui est un personnage haut en couleur, s'adonnant avec plaisir à une vie dissolue, celle d'un journaliste à la petite semaine porté sur l'alcool (comme tout le monde la-bas, il semblerait), qui cultive l'art de se faire embarquer dans les coups les plus foireux.
En dénombrant le contenu de la valise, l'auteur nous donne quelque tranches de vie, de sa vie en union soviétique donc, la vie d'avant l'émigration aux USA. Vu le manque de gout de l'auteur pour le conformisme, vu son penchant pour les situations burlesques et pour les personnages marginaux, il lui arrive évidemment souvent de se retrouver dans des situations pour le moins bizarre. Du coup on rit beaucoup en lisant ces histoires peuplées de poivrots, de petits brigands, de gens délirants, d'artistes ou pseudo artistes juifs qui évoluent dans l'univers parfois surréel de l'ancien régime communiste ou on ne s'étonne de rien. Je ne sais pas si c'est un trait typiquement russe, mais l'auteur ainsi que ses personnages possèdent au plus haut point l'art de l'auto-dérision et de l'ironie, grace a quoi ils se sortent des situations les plus incongrues.
Voila un livre qui se lit avec beaucoup de plaisir, en nous offrant une plongée dans l'univers de la Russie communiste et une galerie de portraits épatants. L'auteur possède le sens de la formule qui fait rire, sans toutefois jamais se moquer de ses personnages auquels il porte une bienveillance assez sympathique et sans se départir d'une douce nostalgie pour son pays d'origine, malgré les sarcasmes.

Oui, un bon écrivain
Je suis tout à fait d'accord avec Saule pour dire que Dovlatov est un auteur qui a beaucoup de charme. Il décrit à merveille les petites choses de la vie, toutes ces choses que nous ne voyons plus, ne percevons plus, et qui pourtant font notre quotidien. L'humour et l'auto-dérision sont aussi deux de ses grands atouts, mais les Russes ont toujours eu une très grande aptitude pour se moquer d'eux-mêmes. C'est d'ailleurs bien souvent une bonne défense pour lutter contre les inepties de la vie ainsi que de la société... Ils s'y connaissent ! Jules - Bruxelles - 79 ans - 15 mai 2002

Alléché...
Voilà une critique qui me donne envie, cher Saule. J'avoue ne pas connaître cet auteur, mais tu connais mon attirance pour la Russie, je pense qu'il est urgent que je me le procure. Patman - Paris - 61 ans - 14 mai 2002