Prestimion le coronal
de Robert Silverberg

critiqué par Thibaut, le 16 mai 2011
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Le long chemin de la guérison
Voici donc l'avant dernier roman du cycle de Majipoor entamé par "Le Château de Lord Valentin".

Après la guerre des sorciers qui a fait rage dans précédemment, Prestimion est intronisé comme "Lord Prestimion" en tant que Coronal de Majipoor. Malgré tout il reste dans l'âme et dans le cœur des habitants une parcelle de vide et d'inexpliqué, en effet à l'aide de quelques sorciers Prestimion a effacé les traces de l'usurpateur, ainsi que des troubles et du chaos qui ont suivi ; il reste dans l'esprit de chacun une part d'ombre et d'oubli qui les conduit à des comportements irraisonnés.
Prestimion doit aussi gérer les dissensions au sein de son gouvernement, les élans de son cœur amoureux - pour guérir son cœur et effacer le souvenir de la sublime Thismet - et apporter stabilité, paix et sérénité à la surface de la planète.

En regard du précédent opus, celui-ci peut sembler un peu plus faible: il comporte moins de scènes d'action, moins de retournements de situation et peut-être plus de longueurs dans la narration.
Il faut préciser que ce volet est celui de la guérison: guérison de la planète et guérison de ses habitants (parmi lesquels leur monarque suprême). Or on le sait bien, le chemin de la guérison est long et semé d'embûches, ce qui peut expliquer la longueur et un manque de rythme dans la narration.

J'ai pour ma part été enchanté de découvrir certains personnages, comme par exemple la promise du Coronal (en la personne de Varaille) mais surtout le personnage de Dekkeret: c'est un grande idée d'introduire et d'esquisser ce personnage auquel il est fait référence dans les romans précédents (ceux du cycle de Valentin).

En résumé, nous voila face à un roman de l'apaisement, de l'amour et de la recherche de sérénité... en un mot de la guérison: guérison de la planète Majipoor, guérison de ses habitants et guérison de son monarque suprême.
Le revers des meilleures intentions 6 étoiles

Si on peut comprendre qu’un homme qui n’a jamais rien eu à payer de sa vie ne connaisse pas la valeur de l’argent, il est étrange de voir la quantité de petites décisions qui sont soumises au dirigeant d’une planète, alors qu’elles sont normalement du ressort de son administration. Il est tout aussi invraisemblable qu’un tel responsable délaisse pendant de longs mois la conduite des affaires pour aller à la recherche d’un fugitif, d’autant que les communications sont très rudimentaires. A part ces petits anachronismes quand même agaçants, l’histoire est bien menée dans un style alerte qui donne toujours envie d’en savoir plus.

L’auteur nous emmène dans une quête pour réparer les erreurs que le nouveau Coronal Prestimion a commises en croyant œuvrer pour le bien commun : il a décidé seul qu’il serait bon pour ses citoyens d’oublier la récente guerre civile. Il se conduit ainsi en despote absolu avec tous les habitants (dont les 2 autres puissances de la planète avec qui il est censé gouverner) puisqu’il les considère ainsi comme des objets et leur dénie toute liberté !
Les conséquences inattendues en sont une épidémie inquiétante de troubles mentaux car l’esprit n’arrive pas à combler ces vides. Prestimion est ainsi obligé d’étendre le champ très étroit des personnes qui sont dans la confidence. Il aura aussi à combattre un ancien adversaire qu’il n’avait pas tué sur le champ de bataille précédent et trouvera l’élue de son cœur. Il arrivera également à utiliser une parade pour soigner les cerveaux qui en ont besoin sans avoir à avouer la vérité.

L’ensemble donne quand même une impression de jeu de la part de quelqu’un qui se croit au-dessus des autres et décide à leur place de ce qui est bon pour eux, comme les adultes le font souvent pour les enfants. Certes, il assume ce qu’il a fait et a des remords, mais il parvient tout de même à cacher la vérité. C’est ainsi que se fait l’histoire ?

IF-0611-3750

Isad - - - ans - 2 juillet 2011