Ce que j'appelle oubli de Laurent Mauvignier

Ce que j'appelle oubli de Laurent Mauvignier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Sissi, le 10 mai 2011 (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 53 ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 346ème position).
Visites : 3 797 

Lecture en apnée

Lecture en apnée, parce que ces soixante-deux pages ne forment qu’une seule et unique phrase, qu’on ne peut donc lire que d’une seule traite sous peine de perdre le fil de la pensée du narrateur.
Ce dernier nous embarque d’ailleurs au passage, au beau milieu de sa tirade, au hasard d’une phrase déjà commencée, et il nous abandonne alors qu’elle n’est toujours pas achevée.
Il s’adresse au frère d’un homme qui, après avoir ouvert et bu une canette de bière dans un supermarché, a été passé à tabac par les vigiles et laissé pour mort.
Inspiré d’un fait divers survenu à Lyon en 2009, ce petit livre dénonce l’absurdité de la violence gratuite et interpelle le lecteur, à tous les sens du terme.
L’auteur reconstitue la scène, il l’imagine, la décrit, il parle aussi du procès, et de la nécessité pour les proches d’essayer « d’oublier », sans que cela ne soit vraiment possible, ni même souhaitable d’ailleurs.

Une atmosphère pesante, dérangeante et étouffante.
C’est sans doute le but recherché, mais les effets mis en œuvre pour y parvenir se sont pas à la hauteur du résultat escompté : trop de phrases apposées, tantôt trop courtes, tantôt trop longues, et trop souvent dépourvues de beauté et d’originalité.
On respire enfin, à la fin, puis on soupire, mais un peu de soulagement.

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Savoir, oui, mais comprendre quoi?

8 étoiles

Critique de Paofaia (Moorea, Inscrite le 14 mai 2010, - ans) - 29 janvier 2014

Une très longue phrase pour un livre très court.. basé donc sur un fait-divers survenu à Lyon en décembre 2009 , des vigiles ont défoulé leur violence et battu à mort un homme qui avait bu une bière dans les rayons.. Que dire.. Que la même violence règne dans l'écriture , la même rage devant la bêtise, les fausses excuses, ce qu'on devine dans la connivence de ces hommes qui se déchaînent comme une meute. Et que je suis sortie de cette lecture un peu ..laminée. Pas vraiment d'apnée:) , mais c'est sûr qu'on étouffe un peu.
C'est un texte qui bien sûr prête à la lecture sur scène ( il a été interprété par Denis Podalydès à la Comédie française) , j'ai vu qu'il avait donné lieu également à une mise en scène chorégraphique d'Angelin Preljocaj :
http://preljocaj.org/menu.php/…

..et il n'aurait pas subi comme lui, quand les coups ont plu et qu'il n'a pas eu un geste à part ce réflexe vieux comme la mort de vouloir s'en protéger, les mains devant le visage comme pour refuser de voir et de comprendre ce qui allait arriver plus que pour parer les chocs- et, ce que je me dis, c'est que ton frère, quand un mot surgira pour s'évanouir aussi vite que cette fulgurance au moment de saisir qu'il était mort, oui, ton frère, il sera pour toi comme une lacération dans ta vie, et tu voudras comprendre, des années entières à te torturer l'esprit pour vouloir revivre chacune des minutes et des secondes entre les palettes et les chariots élévateurs, pour comprendre, parce que -n'est-ce pas?- tu diras, je veux comprendre, je veux savoir...

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