Manifestes du surréalisme
de André Breton

critiqué par Keox, le 1 mai 2011
( - 40 ans)


La note:  étoiles
Entre le rêve et la réalité
Présentation de l'éditeur :

"Je crois à la résolution future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l'on peut ainsi dire. C'est à sa conquête que je vais, certain de n'y pas parvenir mais trop insoucieux de ma mort pour ne pas supputer un peu les joies d'une telle possession."


Le mouvement surréaliste naît au XIXe siècle d’une réaction littéraire, esthétique et artistique contre la domination de la raison en France tout comme le mouvement romantique au XVIIIe siècle. Explorateur du rêve et de l'irrationnel, ce courant de pensée proclame le triomphe de l'imaginaire, de la liberté de l'esprit, de la beauté et de l'Amour aux dépens de toute conscience morale. On retrouve également le signe de cet Amour de l’irrationnel chez les romantiques.

Le surréalisme est défini et théorisé par le poète français André Breton en 1924 qui affirme la prédominance du rêve et de l’inconscient dans la création. Il définit le surréalisme comme un moyen de réunir la réalité et le rêve dans un même espace : celui du quotidien. Cette conception repose sur la croyance à la réalité absolue d’une Autre loi d’association opérée par l’esprit, et à la toute puissance du rêve. Selon la définition donnée dans Le manifeste du surréalisme, c’est un « automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée ». Il s’agit donc d’une véritable « dictée de la pensée », composée « en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique et morale » (lien avec l’association libre de Freud).

Véritable exploration du langage, ce mouvement prône une poésie révolutionnaire opérée par l’écriture automatique. L’acte poétique, c’est-à-dire la prose, est considéré comme une prise de position politique, sociale et philosophique, et constitue l’une des trois branches de la trinité surréaliste : « Liberté, Amour, Poésie ».

On raconte que chaque nuit, avant de s’endormir, Saint-Pol-Roux (poète symboliste français) faisait placer, sur la porte de son manoir, un écriteau sur lequel on pouvait lire : LE POETE TRAVAILLE : il rêve d’Ève…

L’écriture automatique reste le « symbole » de la libération de l’esprit à la loi du sens rationnel du discours. Les surréalistes cherchent en ce sens à libérer l’Homme du rationalisme morbide dans l’espoir d’une désaliénation universelle de l’humanité [Alexandrian, 1974]. On retrouve la conviction romantique où l’âme est prise en otage par la raison. Ainsi, selon la conception surréaliste, l’écriture automatique (sorte de langage poétique) est une technique irrationnelle qui permet d’accéder symboliquement et poétiquement à la vérité d’un langage inconscient, situé exactement entre la dimension du réel et celle du rêve, c’est-à-dire aux frontières du réel…

Le surréalisme, comme le romantisme, est donc une conception psychotique dans le sens d’une absence de dissociation radicale entre la dimension du réel et de l’imaginaire : le réseau symbolique est disloqué et il n’y a plus de censure entre les instances. Dans ces 2 mouvements, le monde visible fusionne avec le monde invisible. Le surréalisme a été influencé par la psychanalyse émergeante de Freud et surtout par L’interprétation des rêves.

Si l'on s'en tient à la terminologie de l'auteur, le surréalisme serait un mouvement qui prônerait la psychose et ses adeptes seraient tous des psychotiques. Y parait même que la famille de Charles Manson s'intéressait beaucoup à ce mouvement...

Moi aussi, c'est étrange, il m'intéresse beaucoup...
Du rêve et de l'inconscient dans l'art 9 étoiles

André Breton théorise ce que doit être le surréalisme, note ce qu'il devient dans le second manifeste quelles devraient en être les évolutions. Il s'oppose à un certain dogmatisme de l'art, aussi littéraire que pictural, pour en déterminer un autre, beaucoup débridé et délesté du poids de la raison, trop encombrante pour laisser libre cours à la créativité. C'est ainsi que le rêve et la psychanalyse doivent être intégrés dans le processus de création, sur la base des avancées de Freud. Ainsi le poète travaille-t-il en travaillant. Les démarches d'Apollinaire et de Lautréamont s'avèrent-elles ainsi essentielles dans la démarche surréaliste. Le second manifeste relève davantage, à mon sens, d'un bilan d'étape.
Ce texte reste important, tant sur la genèse d'un mouvement que sur ses méthodes de travail. Il interroge sur la notion d'art, d'oeuvre, sur la place de l'artiste. Les références commencent un peu à dater, mais cela permet de remettre en question la perception des choses. C'est intéressant.

Veneziano - Paris - 46 ans - 24 novembre 2019