Réflexions sur la question blanche : Du racisme blanc au racisme anti-blanc
de Gilles William Goldnadel

critiqué par Gnome, le 30 avril 2011
(Paris - 53 ans)


La note:  étoiles
"La question blanche"...
Gilles-William Goldnadel est avocat. Il est connu tant pour les affaires dans lesquelles il s’est distingué (Angolagate, affaire du Sentier, entre autres) que pour ses nombreuses autres casquettes : il est le fondateur d’Avocats sans frontières, écrivain, éditorialiste sur Radio J, et il est aussi l’une des voix influentes du judaïsme français... Voix forte et singulière, tant il est difficile de "cataloguer" cet homme qui revendique une liberté d’expression et de pensée qui ne lui vaut pas que des amitiés.

Ce "Réflexions sur la question blanche" est un livre composé de trois volets très distincts, qui à l’issue de l’ouvrage forment un tout très cohérent. L’auteur commence par un chapitre autobiographique qui laisse entrevoir une enfance française victime d’une certaine exclusion. La seconde partie, cœur du livre pose le problème à proprement parlé de la "question blanche" avant de conclure sur le Juif d’aujourd’hui, ou "l’israelien blanc au carré".

Quelle est donc cette fameuse "question blanche" ? La thèse centrale que soutien Goldnadel dans ce livre est que la médiatisation de la Shoah, à la faveur du développement de l’audiovisuel dans les années 1960-70, a provoqué dans l’inconscient collectif occidental un traumatisme dont il n’a pas encore guéri. Une sorte de nouvelle religion profane s’est alors créée sur les ruines du catholicisme : celle du Juif en pyjama rayé, pauvre et décharné, comme l’était Jésus.

Le choc traumatique fut d’autant plus sidérant que le crime était impensable : ce génocide a été commis par des Blancs au nom de la race blanche, ce qui semblait inconcevable, personne ne doutant à l’époque des bienfaits et de la supériorité de la civilisation occidentale. Selon Goldnadel, il résulte de l’horreur de ce crime, pour l’homme blanc occidental, une détestation de soi doublée d’un rejet de l’État-nation perçu comme un instrument d’oppression similaire à l’État nazi. À la xénophobie – moralement condamnable – a succédé une xénophilie dont il n’est désormais plus admis que l’on puisse en contester les postulats sous peine d’être accusé de racisme : l’homme blanc, réputé mauvais, est présumé coupable par nature, et celui qui ne l’est pas (l’Autre) est présenté comme la victime (par essence innocente) de ses dispositions discriminatoires.

D’après l’auteur, les conséquences de cette "idéologie victimaire" sont très nombreuses, graves et désormais profondes : pénalisation de toute opinion contraire à ses dogmes ; falsification, dissimulation ou réécriture de l’histoire ; interdiction de certains débats politiques, verrouillage des pensées dans les rédactions, etc. Chacune de ces répercussions étant, bien entendu approfondie et étayée de nombreux exemples concrets.

Au fil des pages, Gilles-William Goldnadel ne se gêne pas pour dénoncer les spécialistes du prêt à penser politiquement correct qui usent d’une façon scandaleuse et systématique de la menace shoahtique pour dénoncer toute violence ou idée non conforme aux leurs.

En dernière partie de ce livre, l’auteur en vient à expliquer pourquoi et comment, selon lui, le Juif israëlien est devenu une sorte d’incarnation du mal « blanc occidental » : ou comment le juif est passé de son image de métèque apatride (pré-shoahtique), à celle du militaire israélien conquérant et nationaliste (post-shoatique et post-Guerre des 6 jours).

Un livre passionnant, étayé et réfléchi, qu’il est très difficile de résumer en quelques lignes tant chaque phrase compte.