La solidarité, une urgence de toujours
de Henri Pena-Ruiz

critiqué par CHALOT, le 22 avril 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
démonstration efficace
Pour une république solidaire, sociale et laïque !

Ce livre écrit dans le cadre d'un partenariat avec la MAIF précise le sens d'un certain nombre de « valeurs » comme la laïcité, la solidarité et la culture.
Henri Pena Ruiz prête sa plume experte à tout un travail de clarification et de mise en perspective.
Avec beaucoup de force et d'arguments, l'auteur s'en prend à l'idéologie de l'ultralibéralisme qui veut que l'individu assume seul les conséquences des aléas de sa vie, qu'il soit aux commandes ou qu'il soit une victime.
Le système capitaliste a toujours préféré l'assistance individuelle à la solidarité organisée , ce qui n'empêche pas les tenants de la disparition des services publics à solliciter une aide de la part de l'Etat quand leurs intérêts sont en jeu.
« L'économie capitaliste mondialisée est donc une économie assistée » : des milliards de subventions publiques ont permis à des banques de se redresser et tous les ans des entreprises sont aidées par les collectivités publiques sans aucune contre partie...Les premières continueront à spéculer et les deuxièmes à licencier même si leurs profits augmentent !
Côté cour ils exigent moins d'Etat et côté jardin ils demandent que l'Etat leur vienne en aide... cherchez l'erreur !
C'est quoi la solidarité ?
Il ne s'agit pas de faire dans la bienfaisance charitable mais de développer une solidarité militante « qui par ses implications s'attaque aux causes de la détresse et ne se contente plus d'en soulager les effets ».
Les injustices réelles qui sont à l'origine de la pauvreté d'une famille doivent être dénoncées et combattues.
Lorsqu'une famille en grande difficulté est menacée d'expulsion, l'association de solidarité ne va pas seulement apporter l'aide d'urgence immédiate. Elle s'opposera à l'expulsion .
La loi DALO n'est pas sortie magiquement du chapeau d'un législateur humaniste, elle est le fruit du combat mené par plusieurs associations de solidarité et aujourd'hui il y a encore beaucoup à faire pour :
simplifier et accélérer les procédures
mettre fin aux expulsions
contraindre les villes à appliquer la loi imposant 20% de logements sociaux.

L'auteur consacre une partie de son ouvrage à présenter l'action de l'économie sociale dite solidaire qui ne doit pas servir de caution à l'abandon des principes universels des services publics.
Ces services publics malmenés, menacés de disparition doivent être défendus comme doit être défendu et préservé la laïcité de l'école et la séparation des églises et de l'Etat.
Dans le cadre de cette réflexion, Henri Pena Ruiz explique que si la société est composite, voire « multiculturelle » comme disent certains, « la République, quant à elle, n'est ni multiculturelle, ni multiculturaliste, car ses fondements juridiques sont ceux de l'égalité des droits et non de la différence des droits. »

Ce livre apporte des repères solides et très utiles à toutes celles et à tous ceux qui agissent pour promouvoir la solidarité à tous les niveaux et qui par là-même défendent le maintien et l'extension du service public.

Jean-François Chalot