Le pape terrible, tome 1 : Della Rovere
de Alejandro Jodorowsky (Scénario), Theo Caneschi (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 18 avril 2011
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
LES MANIGANCES DE JULES II…
L’histoire de cette BD commence le matin du 18 août 1503 au Vatican. Le Saint-Père Alexandre VI vient de mourir, empoisonné, on l’apprendra par la suite par Giuliano Della ROVERE. En effet, ce dernier, de son vrai nom Rodrigo BORGIA, faisait partie du clan des BORGIA, les ennemis jurés du cardinal Della ROVERE qui l’avaient empêché de devenir Pape bien des années avant.

Della ROVERE aidé d’Aldosi son jeune vicaire et giton, entend bien profiter du champ laissé à présent libre, pour accéder au enfin au trône pontifical. Toutefois, ne disposant ni de l’entregent, ni surtout de la fortune nécessaire pour être élu au prochain conclave, en achetant des voix, le cardinal va tramer dans l’ombre, un plan machiavélique destiné à lui ouvrir les portes de la consécration suprême.

Puisque il ne peut se faire élire Pape, Della ROVERE passe alors un pacte avec le cardinal Francesco TODESCHINI-PICCOLOMINI, ses votes pour le faire élire Pape en échange de sa fortune une fois celui-ci décédé. Le 22 septembre 1503 Francesco TODESCHINI-PICCOLOMINI est élu pape sous le nom de Pie III.

Moins d’un mois plus tard Giuliano Della ROVERE, envoie Aldosi et Josaphat son écuyer et âme damnée empoisonner le Pape dans son sommeil…

Revoici donc l’Espagnol Alejandro JODOROWSKY, cette fois ci épaulé par le jeune Italien THEO (de son vrai nom Theo CANESCHI) au dessin, et par Sébastien GERARD à la colorisation, dans le deuxième volet de sa trilogie (on se souvient du premier volet consacré lui à la famille BORGIA, et déjà critiqué ailleurs sur CL ), consacrée à l’histoire du Vatican entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle.

Ici le scénario est, comme toujours avec JODOROWSKY, solide, basé sur une histoire vraie bien que comme certains détails sont «arrangés» de sorte à servir le scénario de JODOROWSKY à sa guise, ainsi l’histoire ne rapporte aucune preuve tangible de la mort par poison d’Alexandre VI ni de Pie III, d’ailleurs si celui-ci était déjà malade à son accession au trône papal, il est en tous les cas loin d’avoir les plus de 80 ans que lui prête le scénariste ici, puisque sa mort est advenue à… 64 ans!
Toutefois si cette nouvelle série vaut la peine d’être découverte, c’est surtout pour les étonnants et magnifiques dessins de THEO, époustouflants de réalisme, de beauté, de précision… Les tenues des cardinaux sont ici rendues en conservant leur faste déplacé, les bâtiments sont criants de réalisme et les dessins des personnages sont à couper le souffle. La beauté du trait du dessinateur est saisissante et explose littéralement lors de gros plans sur les visages, aidé il est vrai par l’excellent travail de Sébastien GERARD sur la couleur.

Rien à redire donc, une série destinée à un public adulte certes, mais à découvrir d’urgence!..
Un sacré Julot ! 9 étoiles

Superbe cette série "papale" sanglante et parfois aux limites du porno (à ne pas mettre en toutes les mains donc !). Bien sûr, Jodo prend ses aises avec la vérité historique, beaucoup de dates ou même de faits sont fantaisistes, mais l'esprit de décadence de l'époque est bien là... Après le succès de la série sur les Borgia, Jodorowsky revient avec Della Rovere (Jules II) et on peut pas dire que l'on gagne en grâce et en dignité ! C'étaient de fameux lurons les papes d'alors ...ils faisaient pas que des bulles !
Au fait, petite précision Septu : Jodorowsky est Chilien et non pas Espagnol, et ses parents étaient des juifs ukrainiens émigrés en Amérique du Sud. Il raconte ça dans son roman "L'Arbre du Dieu Pendu"... Il vit en France depuis 1953.

Patman - Paris - 61 ans - 7 mars 2012