Les trois saisons de la rage
de Victor Cohen Hadria

critiqué par CC.RIDER, le 28 mars 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Etude de moeurs
Dans la Normandie du XIXème siècle, le docteur Le Coeur est un médecin de campagne qui se dévoue corps et âme pour ses patients, petits nobliaux, pauvres laboureurs ou filles de joie de bordels plus ou moins mal famés. Il sert d'intermédiaire entre le soldat Brutus Délicieux, parti avec l'armée d'Italie, et sa famille illettrée. Il est veuf et si travaillé par le manque de compagnie féminine qu'il papillonne un peu à droite et à gauche auprès de veuves, de vieilles filles, de prostituées et même de domestiques. Il finira par mettre dans son lit Honorine, sa propre femme de chambre.
Roman historique (on y trouve tout un contexte relatif aux guerres de Napoléon III, Magenta, Solférino, aux débuts du chemin de fer et de l'ère industrielle) et surtout social (la description des moeurs frustes des paysans normands de cette époque est le seul côté vraiment passionnant de ce livre. Le personnage de Le Coeur est trop parfait et trop anachronique pour être vraiment crédible. Pensez donc, il est anarchiste, pacifiste, anticlérical, libertaire, opposant à la peine capitale, promoteur de l'amour libre et chercheur d'un vaccin contre la rage quelques décennies avant Pasteur... Un prophète, un visionnaire, un soixante huitard avant l'heure, ce toubib... Doublé d'une sorte d'obsédé sexuel... « Nous sommes tous dominés par notre sexe », dit l'auteur. De plus, le style qui se veut un tantinet d'époque est parfois un peu lourd et répétitif. Cette plongée dans les réalités sociologiques du petit peuple bas-normand rappelle immanquablement les nouvelles de l'immense Guy de Maupassant, mais sans son oeil observateur et malicieux, sans son génie créatif et sans son style inimitable. A choisir entre l'original et la copie, chacun sait ce qu'il faut toujours préférer.
Trois saisons 5 étoiles

Rage de vivre, rage d'aimer et puis vient la fin.
Victor Cohen Hadria est parti d'une bonne idée. Entremêler les lettres de Delicieux et celles de Le Coeur. Le thème directeur du livre étant l'histoire d'un médecin dans la Normandie du XIXème.
Cela aurait pu être une bonne chronique de l'époque, vue de la lorgnette d'une médecin libertin, mais vers les 100 dernières pages j'ai perçu un énorme fouillis qui a un peu gâché mon plaisir.
Ce qu'il y a de certain c'est que docteur Le Coeur avait un foie extraordinaire pour absorber de tels mélanges alcoolisés, des artères gorgées de cholestérol et une chance inouïe d'avoir échappé à la vérole et autres surprises découlant d'une activité de "joli coeur" particulièrement débordante.

Monocle - tournai - 64 ans - 24 octobre 2014