Le principal, il nous aime pas : L'Ecole à l'épreuve de la mixité sociale
de Régis Félix

critiqué par CHALOT, le 23 mars 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
un autre regard sur l'école
« Le principal,
il nous aime pas »
L'école à l'épreuve
de la mixité sociale
de Régis FELIX
éditions « Chronique sociale »
mars 2011

Comprendre , écouter et agir.

L'auteur, ancien professeur de physique termine sa carrière comme principal de Collège.
Militant à ATD Quart Monde, c'est un principal, a priori atypique qui raconte sa dernière année d'exercice...Le « a priori » est peut être de trop car des principaux de Collège agissent aux aussi comme Régis FELIX, ils essayent de comprendre les élèves, de connaître leurs difficultés afin de les aider à franchir le mieux possible ce cap difficile du Collège.
Le territoire de recrutement de cet établissement est mixte avec d'un côté des ensembles quelque peu déshumanisés et de l'autre une zone pavillonnaire.
Il y en a de plus égaux que d'autres, certains peuvent sans problème ne pas suivre, prendre du retard, ils savent que le soir leur père et mère seront là pour les épauler et de toutes façons il suffira de quelques heures de cours particuliers.
Pour d'autres, seul le Collège peut leur servir de planche de salut, à une seule condition, c'est que les familles et les professeurs se rencontrent et œuvrent ensemble.
C'est difficile, d'autant plus que les familles en difficulté sociale ne viennent pas dans ce lieu d'instruction et d'éducation.
Comment les faire venir ? Comment leur donner l'envie de franchir la porte ?
L'histoire, humaine, éducative et sociale est passionnante et le lecteur s'attache rapidement à ces élèves et notamment à ces « décrocheurs » qui ne sont pas compris par l'école.
Ils vivent une situation complexe où co-existent l'attirance et le rejet de l'école qu'ils ne cessent d'interpeller.
L'échec de l'école, c'est l'échec de l'élève qui a sa part de responsabilité mais c'est aussi celui de l'institution et aussi celui des enseignants.
Il y a tant à faire pour leur donner les moyens d'agir.
L'auteur ne masque aucune difficulté et l'élève difficile ou violent n'est pas considéré seulement comme une victime.
La médiation, celle innovante impliquant les élèves constitue une clef du mieux vivre ensemble mais parfois il faut prendre des décisions « autoritaires » indispensables... Rien n'est facile. Si l'école n'est pas responsable de tous les maux, elle ne peut réussir sa mission qu'en se dépoussiérant.
C'est une condition non suffisante, mais nécessaire.
L'alternance bien faite avec une valorisation d'autres compétences que celles liées à l'intelligence de « l'abstraction » peut apporter de l'air frais :
Les élèves « auront ainsi l'occasion de développer d'autres talents que ceux reconnus par l'Ecole, en attendant que, peut-être un jour, une réforme ministérielle décide que le travail manuel, l'intelligence du geste, sont des bagages nécessaires à la scolarité obligatoire. »

Ces tranches de vie d'élèves et de l'établissement racontées dans un style alerte constituent une œuvre pleine et entière de réflexion sur l'avenir de l'école et les repères qu'apporte le principal au projet d'établissement fixent une orientation que je partage :
« - tous les élèves peuvent réussir; aucun adulte ne renonce définitivement devant une difficulté ou ne met un élève durablement à l'écart;
le monde est ouvert, l'espoir existe, l'avenir n'est déterminé pour personne. »

Jean-François Chalot