Le forgeron d'Eden
de Didier Cornaille

critiqué par CC.RIDER, le 14 mars 2011
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Entre deux eaux...
Dans l'unique café d'un petit hameau oublié du Morvan, se retrouvent devant un verre quelques irréductibles qui refont le monde sous la houlette de Léonce, le forgeron et sous l'oeil bienveillant de la jeune et jolie aubergiste, Juliette. Pour Léonce, l'Eden, le paradis, ne se situe pas dans l'au-delà, mais ici, au coeur de cette nature sauvage qui leur tient tous à coeur. Pourtant, le hameau a eu son heure de gloire grâce à sa mine de fluorine, roche indispensable à la combustion des hauts fourneaux. Mais depuis sa fermeture, le hameau mourait doucement. Jusqu'au jour où un américain a racheté le manoir et la mine attenante et lui a trouvé une nouvelle utilité non sans conséquence pour l'environnement : l'enfouissement de déchets toxiques...
Ce livre n'est un roman de terroir que par le décor et les personnages (vieux paysans attachés à leur terre et à leur identité). Mais ce n'est pas non plus un thriller écologique en dépit d'un démarrage sur les chapeaux de roues sur un thème porteur mal exploité (des animaux meurent, des hommes sont malades, un accident se produit, puis, plus rien... ). Très vite l'intrigue retombe dans le social, l'intimiste et même le sentimental à l'eau de rose avec le personnage de Margot, la vieille grenouille de bénitier touchée fort tardivement par la flèche de Cupidon. Cliché improbable bien évidemment. Se fiant à la présentation de la quatrième de couverture, le lecteur qui s'attend à « découvrir une belle aventure humaine », n'aura droit qu'à une historiette falote sans rebondissements ni chute originale. Tout s'enlise assez vite et l'on s'ennuie un peu malgré une écriture de belle qualité.
une chronique sociale attachante 10 étoiles

« Le forgeron d'Eden »
roman de Didier Cornaille
Editions De Borée
juillet 2011
7,50 €

Sauve qui peut...ils viennent jusqu'ici

Ils sont tous là ou presque dans le café du hameau, ce haut lieu de la convivialité.
Depuis de nombreuses années , la mine étant fermée, plus personne ne passe ici.
Le café est le premier espace social et souvent le seul disponible . Quand des menaces pèsent, les habitués font tout pour défendre leur outil de vie.
L'auteur s'arrête sur les différents personnages.
La sociologie rurale permet de mieux appréhender les liens tissés par les personnages entre eux et avec leur espace de vie.
Mais que se passe t-il tout là haut ? Que font ces camions dans cette mine désaffectée ?
Il ne s'agit pas pour les habitants de refuser l'autre, l'étranger et d'ailleurs Juliette, la tenancière n'est-elle pas venue d'ailleurs il y plusieurs d'années ? !
Il s'agit de s'inquiéter pour l'avenir collectif.
Des bêtes meurent à proximité de l'ancienne mine et les hommes partis en observation sont revenus malades.
Quand un camion arrive et ne repart plus, des villageois décident d'en savoir plus et de questionner le châtelain, propriétaire de cette mine.
Quand l'Eden est menacé, tout le monde se met en marche et comme Juliette, les habitants du hameau refusent le renoncement.
« ...l'existence, dans ce petit bout de campagne oublié de tous gardait un sens, une raison d'être qui valait qu'on s'y arrête. »
Gare à ceux qui viennent jusqu'ici pour perturber l'équilibre existant au nom du profit !

Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 13 août 2011