Au secours, Houellebecq revient !
de Christophe Absi, Jean-Loup Chiflet, Éric Naulleau

critiqué par Lazercat, le 5 mars 2011
(Haine-Saint-Pierre - 45 ans)


La note:  étoiles
Critiques en herbe, aiguisez vos gammes!
C'est avec grand plaisir que le critique en moi passe au crible le livre d'entretiens du critique Eric Naulleau qui s'attèle ici à la critique de critiques littéraires.
Au-delà du plaisir de pouvoir sans vergogne en cette occasion citer quatre fois le même mot dans une seule phrase, c'est en effet en ancien féru de Michel Houellebecq que je tâcherai de synthétiser la pensée du chroniqueur de Laurent Ruquier au sujet du plus récent auteur "goncourisé".

Michel Houellebecq, donc. Adulé ou détesté, petit canard noir dans la mare littéraire ou star encensée par les mass-médias, chacun sur ce site a, je n'en doute pas, une opinion sur ce phénomène. Eric Naulleau nous livre la sienne avec force références historiques et textes, avec sa verve habituelle, dans ce petit livre d'entretiens, opinion introduite par de très éclairantes considérations plus générales sur les tendances lourdes de la littérature française contemporaine. Une de ses conclusions est une certaine incompréhension face à la complaisance affichée depuis trop longtemps à son goût par les milieux littéraires pour ce qu'il désigne comme un phénomène de pur marketing.

Eric Naulleau accorde un certain mérite aux ouvrages de Houellebecq, comme par exemple l'acuité par rapport aux préoccupations et à la sociologie de son public-cible - les Français moyens blancs - ou encore la capacité à ramasser succinctement différents genres dans ses romans - sociologie, sexe hard, sexe soft, voyages, science-fiction. Cependant, et tant la démonstration que sa dialectique sont implacables, il nous convainc - extraits et citations à l'appui - que Michel Houellebecq, en comparaison avec d'autres écrivains contemporains moins connus, représente la médiocrité littéraire absolue. En concluant par une étude critique de ceux qui critiquent les écrits houellebecquiens, Naulleau se livre finalement à un bel exercice, trop rare à mon goût, qui mériterait d'être plus développé dans d'autres ouvrages, car jubilatoire pour le lecteur.

S'il est difficile de remettre une note objective à un essai, dans le mesure où la justification de celle-ci devrait passer par une critique des idées qui y sont développées, je me contenterais de donner, comme à mon habitude, une note de recommandation. 4 sur 5 parce que c'est passionnant et que ca aiguise l'esprit critique de bout en bout, mais que malheureusement l'ouvrage date de 2005 et, par corollaire, n'englobe pas dans son propos le moyennissime "La carte et le territoire", qui a récemment créé l'évènement en obtenant le Goncourt.