L'hôpital malade de la rentabilité
de André Grimaldi

critiqué par CHALOT, le 2 mars 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une contribution argumentée d'un professeur, praticien
« L'hôpital malade
de la rentabilité »
du Professeur André Grimaldi
Editions Fayard
avril 2009

La politique : « hôpital 2012 » nuit à notre santé!


« L'hôpital entreprise », où le directeur, gestionnaire est roi, c'est le travail à « flux tendu ».
Il faut parfois à Paris une heure ou deux pour débloquer un lit dans une des unités de réanimation médicale...
La mise en place de la fameuses T2A, la tarification à l'activité ,a réduit considérablement les moyens attribués aux hôpitaux. « A chaque malade était en quelque sorte allouée une somme d'argent » en fonction du codage de la pathologie.
Rien n'est simple en médecine où existent 10 000 pathologies, « auxquelles il faut ajouter trois ou quatre facteurs de gravité pour chacune d'entre elles »
Avec ce système, les hôpitaux se trouvent bien souvent en difficultés budgétaires, ce qui contraint certains établissements à réduire leur voilure.
Comme l'explique bien le professeur Grimaldi, « dans tous les cas, l'argent doit précéder le malade et pas seulement avec lui. Payer seulement à l'activité reviendrait à payer les pompiers seulement quand il y a le feu. »
L'auteur qui connaît bien le secteur hospitalier comme chef de service revient sur les différentes politiques suivies en matière de santé et pointe les erreurs...
C'est la « gauche » qui a institué en 1983 le forfait hospitalier sans peut être assez réfléchir aux conséquences d'une telle remise en cause du principe de l'accès aux soins pour tous :

«  Un patient du service de diabétologie de l'hôpital de la Pitié-Salpétrière a renoncé à l'hospitalisation prescrite par son médecin en raison d'une plaie de pied diabétique pour éviter d'avoir à payer le forfait hospitalier. Résultat : il a été hospitalisé en urgence un mois plus tard devant l'aggravation de sa plaie, et la seule solution fut l'amputation »

L'auteur revient assez longuement sur le débat actuel autour de la spécialisation de certains hôpitaux.
Il s'agirait ainsi d'améliorer l'efficacité de l'action médicale !?
Pour lui, il est passéiste de penser qu'un hôpital puisse se spécialiser étroitement en ne s'occupant que de quelques pathologies.
Pour justifier son propos, il montre que les spécialités s'imbriquent et que le transfert permanent des malades en ambulance conduit à de nouvelles dépenses et à des difficultés de suivi.
L'auteur ouvre des perspectives de transformation et formule comme première proposition la suppression pure et simple de la « convergence public-privé » pour 2012.
Il s'agit là d'un plan organisé visant à démanteler le service public et à privatiser à outrance le secteur de la santé.
De plus en plus de cliniques commerciales voient le jour. Elles n'ont qu'une logique : c'est la rentabilisation financière à outrance .
Si l'on ne peut pas s'opposer à l'existence d'un secteur privé, il faut que ces établissements soient des hôpitaux privés à but non lucratif !

Ce livre constitue une contribution construite au débat sur l'avenir du service public de santé, accessible et de qualité...
Nos aînés nous ont légué la Sécurité Sociale ,solidaire, il ne faudrait pas leur donner en héritage une société où la qualité des soins dépende de la situation sociale et financière des patients.

Jean-François Chalot