Vampires
de Thierry Jonquet

critiqué par Thémis69, le 26 février 2011
( - 45 ans)


La note:  étoiles
Incisif !
Dernier roman de Thierry Jonquet, malheureusement inachevé au jour de sa mort en 2009, Vampires demeure un subtil mélange de morbide et d'humour, autour de deux intrigues qui commencent à peine à se rejoindre à la fin du livre :

- A Vaudricourt-les-Essarts, (dans la glauque banlieue parisienne, non loin d'un camp d'immigrés roumains), Razvan découvre, au beau milieu d'un hangar désaffecté, une mise en scène macabre : un homme empalé sur un pieu, à quelques mètres du sol, entouré d'une série de cierges allumés. La mémoire collective ancestrale lui fait hurler le nom de Vlad Tepes, alias Dracula, alors qu'il s'enfuit à toutes jambes. C'est le début d'une enquête policière, menée par le substitut Valjean et le légiste Pluvinage, à partir de l'autopsie de la pauvre victime.

- Le chapitre suivant nous plonge au coeur de Belleville, aux côtés d'un de ses habitants les plus anciens et les plus fidèles, Monsieur Alexandre, maître-bottier. Il nous fait découvrir, de cour en cour, ses pittoresques voisins, de Marcel Truchot, alias Madame Lola, streap-teaseur(seuse) de son état, au vieux forain Arsène, loque pitoyable mais attendrissante. Mais la dernière cour, souvent inhabitée et désolée, cache bien des secrets derrière le mur couvert de lierre de la vieille bâtisse. Alexandre se souvient notamment des étranges va-et-vient nocturnes qui s'y sont déroulés avant-guerre, et plus récemment de la disparition inexpliquée d'un jeune et zélé inspecteur du fisc, qui osa se risquer à frapper à cette porte...

Le lecteur fait petit à petit connaissance avec Petre Radescu, personnage principal du roman, habitant de cette dernière maison, et tout aussi mystérieux que les murs dans lesquels il vit...

Le tout est mené avec brio, la plume incisive et drolatique. L'intrigue se dévoile avec habileté, et les fils se recoupent petit à petit. A la fin du roman, le lien entre Belleville et Vaudricourt commence à naître (mais ce n'est pas ce que l'on croit!), et on sent que Thierry Jonquet avait encore probablement beaucoup à écrire!

La galerie de portraits est particulièrement savoureuse : entre Valjean et Pluvinage, esquissés un peu à la manière de Fred Vargas, et la famille Radescu, si effrayante mais terriblement et profondément humaine, il y en a pour tous les goûts.

Roman plein d'agréables surprises, à lire pour le plaisir de l'écriture et l'aisance du trait.