Menaces religieuses sur l'hôpital
de Isabelle Lévy

critiqué par CHALOT, le 23 février 2011
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une enquête édifiante
« Menaces religieuses sur l'hôpital »
L'enquête
d'Isabelle Lévy
aux éditions ; les presses de la renaissance

février 2011
267 pages
19 €

IL EST TEMPS DE NE PLUS ATTENDRE !

Le lecteur s'attend à un réquisitoire argumenté et impitoyable contre les pressions « cléricales » qui s'exercent dans le milieu hospitalier sur le personnel et les patients.
Ce réquisitoire est là, bien présent, étayé par de nombreuses anecdotes donnant à ce livre une force de dénonciation et de conviction peu commune....
Mais on y trouve aussi des propositions permettant aux personnes hospitalisées de voir leurs convictions religieuses intimes mieux prises en compte...
Il n'y a pas là de contradiction, bien au contraire.
Si effectivement il est intolérable et inadmissible que des religieux puissent exiger que des femmes ne soient soignées que par des femmes, si effectivement il est inacceptable que des professionnels de la santé mettent en avant leur religion pour s'opposer à des interruptions de grossesses, il est important que le personnel hospitalier tienne compte des choix alimentaires des patients et des demandes particulières en ce qui concerne l'accompagnement des mourants dans le respect de la laïcité.
La présence d'aumôniers de différentes confessions, comme cela est prévu dans la loi peut contribuer à éviter de nombreux accidents causés par l'ignorance et l'obscurantisme.
L'auteur montre comment l'intervention d'un imam ou d'un rabbin a pu éviter le pire.
Une musulmane hospitalisée acceptera de ne pas jeûner durant le ramadan et un juif permettra qu'on le transporte en salle d'opération le jour du sabbat !
Il aura suffi qu'un aumônier appelé explique aux personnes concernées que face aux nécessités vitales, il existe quelques accommodements prévus d'ailleurs par les textes « sacrés ».
Le personnel soignant ne respecte pas toujours la neutralité que lui impose sa fonction et c'est ainsi qu'une infirmière ose s'absenter un dimanche matin de service pour aller à la messe et un aide soignant masque dans un plat donné à un musulman la présence de la viande de porc...
L'intérêt de ce livre est de lier une écoute de l'autre et le maintien de principes.
Certaines anecdotes relatées par l'auteur font froid dans le dos :
comme l'histoire de cette femme subsaharienne qui est infibulée :
après un accouchement qui s'est déroulé le mieux possible, cette femme demande à la sage femme de la recoudre comme cela se fait dans son pays après chaque fin d' accouchement.
Alors que la sage-femme explique son refus, au nom de la législation française, le médecin se propose, lui, d'obtempérer : « « Pourquoi s'opposer à des traditions venues d'ailleurs ? »Sur ce, il prend du fil et une aiguille, il recoud les chairs avec application en prenant soin de laisser un petit espace entre elles pour permettre rapports sexuels et écoulement du flux menstruel « !
Dans quel pays est-on ? Au pays des droits de l'Homme ou dans celui où le communautarisme le plus réactionnaire peut dicter sa loi ?

Rien n'est laissé dans l'ombre et l'auteur aborde toutes les questions avant d'émettre dix propositions pour contrer la menace religieuse dans les hôpitaux ....afin que les patients puissent recevoir « les soins adéquats à leur état de santé, sans discrimination, sans négociation, sans violence. »

Jean-François Chalot