L'épaisseur des âmes
de Colm Tóibín

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 18 février 2011
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Titre particulièrement adéquat…
Neufs nouvelles composent ce recueil, souvent marquées par le renoncement, par une intrusion du passé dans le réel ou encore par une relation complexe entre un fils et sa mère. De non-dits en confessions murmurées, les neuf séquences tissent subtilement la trame de parcours brisés.

La première nouvelle donne le ton. Traqué par la police, un homme va prendre une décision radicale à propos des tableaux de maître qu’il vient de voler. Colm Toibin nous fait suivre pas à pas les réflexions de notre homme, pris au piège entre des complices qui veulent leur part du butin et sa raison qui lui dicte la plus grande prudence.

J’ai beaucoup aimé l’histoire de cette dame âgée qui apprend que son fils, prêtre, a abusé de jeunes garçons au début de son sacerdoce. Toibin réussit le tour de force de dépasser une appréciation manichéenne des événements tout en faisant état, bien sûr, de leur horreur.

Ou cette autre dame âgée qui se prend d’une énorme affection pour l’un de ses petits-fils et qui, patiente ouvrière, construira avec lui une relation quelque peu étouffante. A son décès, la réaction du petit-fils, pourtant terrible, est décrite par Toibin avec retenue : ce contraste entre l’économie de mots et de gestes et la portée énorme de son attitude en fait quelque chose de très puissant.

Quelques nouvelles, malheureusement, sont un peu courtes à mon goût et se terminent alors que j’en attendais davantage, un peu comme une phrase qui s’interromprait après une virgule…